Des Monts Djurdjura...
C'était le défi de ce samedi 26 juin dernier où j'étais invitée à une soirée à thème par deux amies qui me sont chères.
Cela peut sans doute sembler bien banal.
Pourtant, sortir d'années de parenthèse n'est pas mince affaire, même si enfin j'ose.
Même pas en mon nom le plus souvent mais en celui de celles qui comme moi ont vécu même calvaire et n'ont pour l'instant pu récupérer leur voix, ou pire sont maintenues psychologiquement et physiquement dans la geôle du silence des violences faites aux femmes.
Mais ceci vous en dira certainement plus long.
Chères Amies,
Je voulais au terme de cette journée écoulée et où j'ai encore dû faire preuve de présence et "militance" en divers lieux, vous remercier très sincèrement et chaleureusement pour la soirée que
vous m'avez offerte hier.
Je me rends compte combien pendant des années j'ai été éloignée de tout ce qui fait une société. Tant au niveau des amitiés que des liens que l'on peut nouer et concrétiser de nombreuses
façons.
Tant de temps passé sans avoir plus jamais participé à telle réception...
Je dois me réhabituer à tout : au contact, aux rires, aux jeux, aux échanges dans un autre cadre que celui que je fréquente et
que M..., tu connais bien, celui de la politique et des rencontres d'idées que l'on peut y faire..
J'ai ainsi tout à redécouvrir, à apprécier et aimer.
Je voulais ici très sincèrement vous dire combien j'en ai été enchantée.
Sans doute par moment auriez-vous pu penser que j'étais mal à l'aise, ce n'était pas le cas.
Je suis comme ces oiseaux à qui l'on ouvre la porte de leur cage où ils sont tenus soigneusement enfermés ( lapsus que je viens de corriger, mais je vous laisse le mot original : "engermés" ) et
qui sont obligés de ré-apprivoiser leur liberté.
Ce 26 juin 2010 en était une nouvelle étape.
M..., je voulais te remercier aussi à un autre niveau.
Me poussant hier à assumer le thème de la musique, j'ai été obligée de franchir un nouveau cap. Les vêtements que je portais hier étaient un ensemble kabyle que m'avaient fait faire mes
belles-sœurs .
Je les appellerai toujours ainsi.
Elles sont et seront toujours très chères à mon cœur quoiqu'il ait pu arriver avec leur frère.
Cette robe donc que je n'avais jamais portée et que j'ai ainsi étrennée en votre compagnie..
Des bijoux offerts et puis une promesse faite à celles-là : Que toujours ici, lorsque pour une raison ou pour une autre, dès que je pouvais le faire, je porte leur cause de femmes
kabyles.
La cause de ces femmes qui en nos terres où l'identité nationale germe comme fleur immonde, n'ont pas la parole, se battent
là-bas pour la garder, et qu'on oublie de volonté bien délibérée pour certains, préfets et autres zélés zélateurs d'une politique ignoble du chiffre en tous premiers lieux.
Hier en portant haut les couleurs de "Djurdjura", j'ai convoqué une femme disparue en ces montagnes et qui m'avait acceptée et comprise avec une acuité, que sans doute tu possèdes aussi M...
Et puis celles de ses petites filles ( mes belles-soeurs) et les filles de celles-là qui devront grandir dans une société où elles devront comme leurs mères et arrière grand-mère se battre
pour conserver leur dignité mais aussi être respectées dans toute leur intégrité de femme, bien entendu, mais aussi au niveau de leurs droits.
L'exercice en a été curieux.
De la nostalgie pour ces femmes, ces montagnes, ce pays, mais pas celui qui me les a fait connaître.
Tout juste de brèves et fugitives images, sans douleur aucune.
Alors, oui...
Merci à toutes les deux de m'avoir fait partager ces instants, de vous être aussi dévoilées et de m'avoir fait découvrir
l'intimité de votre domicile qui est à votre image à toutes deux : présence, écoute, résistance, charme et ouverture d'esprit pour lesquels je vous remercie.
Un ailleurs, véritable havre de paix en cette ville, cette agglo où la vie en est rude à tous les niveaux, pour nombre d'entre nous.
Je vous embrasse...
* Pour qu'il n'y ait aucune équivoque, confusion ou interprêtation de mauvais aloi, j'évoque ici deux personnages masculins différents, le dernier n'ayant aucun rapport avec le premier .
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