Famille mono-parentale et quotient familial ne font pas bon ménage !
Si on en croit une étude de l'INSEE vivre au sein d'une famille mono-parentale est une source d'inégalités pour les
enfants.
Toujours d'après cette étude, la famille mono-parentale est essentiellement représentée par une mère et ses enfants.
Et elles sont de plus en plus nombreuses.
Les associations caritatives ne cessent d'alerter les pouvoirs publics sur leur situation de vulnérabilité, mais sans grand succès, il n'est que de voir la dernière réforme appliquée dès son
arrivée au Ministère de La Famille de Nadine Morano pour en voir les effets dévastateurs.
En 2006, 30 % des familles mono-parentales vivaient sous le seuil de pauvreté avec un niveau de vie inférieur à 880 euros par mois, soit à peine 60% du niveau de vie médian.
Et toujours selon cette étude, si l'on se place uniquement du point de vue des enfants, ce sont 38% de ceux qui vivent avec un seul parent qui sont sous ce seuil, contre 13% pour les enfants qui
vivent au sein d'un couple et 5% si les deux parents travaillent.
Forte de cette étude, je me suis demandée ce que notre bonne ville d'Orléans mettait en oeuvre pour amoindrir ces inégalités et surtout pour aider les familles mono-parentales, c'est -à-dire en
grande majorité, je le répète, des femmes seules avec enfants.
Et là, voyez-vous, il y a matière à réflexion.
Et voir même à se mettre très en colère.
Les différents services de la ville d'Orléans, restauration, services périscolaires, centre de loisirs sont assujettis à un quotient familial.
Soit !
On s'attend en ce cas, à ce qu'il soit juste et solidaire, c'est à dire que les familles les plus aisées paient plus que les familles les moins fortunées d'une part, mais que la ville apporte sa
contribution réelle en faveur des familles les plus fragiles économiquement.
Or par souci sans doute d'égalité, la mairie d'Orléans a du calcul du quotient familial une curieuse et singulière conception.
Car voyez-vous, elle réintègre en dehors de l'aide personnalisée au logement, - mille mercis vraiment quelle largesse !-, toutes les prestations familiales versées à la famille par la CAF, ainsi
que les pensions alimentaires.
Pour ces dernières, on pourrait comprendre, pour les autres, c'est particulièrement injuste, douteux voire litigieux même sur le plan moral.
Petits exemples concrets :
Une femme seule avec trois enfants à charge dont un de plus de 14 ans.
Salaire mensuel : 1000 euros + prestations familiales ( allocations familiales + complément familial + supplément familial ) 490 euros + 150 euros de pension alimentaire : soit
1640 euros de revenus mensuels chaque mois.
Méthode de calcul orléanais :
1640 : 4 ( nombre de personnes à charge dans la famille ) = 410 euros qui correspond au niveau 4 de quotient familial .
Ce qui signifie concrètement :
- 1,95 de cantine par jour et par enfant.
- 3,53 par journée de centre de loisirs avec bons CAF, toujours selon le même calcul.
-19,60 pour une carte de 20 prestations pour accueil du matin et soir.
Pour l'aide au devoir, le quotient étant bas, celui-ci est encore gratuit.
2 enfants qui sont respectivement en maternelle et primaire restent à la cantine et en centre de loisirs le mercredi tandis que le plus grand fréquente le collège.
Le plus petit reste à la garderie du soir, tandis que son aîné en primaire bénéficie de l'aide aux devoirs gratuite.
Pour le mois :
Cantine deux enfants : 70,20 euros
Centre de loisirs : 28,24 euros
Carte 20 prestations garde pour le plus petit : 19,60 euros.
Soit 118,04 euros par mois pour cette famille.
Remarquez qu'avec ses faibles moyens et avec réintégration des prestations familiales, cette famille n'est donc pas au plus bas niveau de quotient familial.
Calcul pour cette même famille avec ses seuls revenus :
1000 euros + 150 = 1150 : 4 = 287,50 = quotient 2 .
tarif cantine : 1.03 soit 37,08 euros.
centre de loisirs 1,88 soit 15.04 euros.
carte 20 prestations pour garderie du petit : 10,44 euros
Total : 62,56 euros.
Un différentiel selon les deux calculs de 55,48 euros .
Notez que même pour ce cas, ce n'est pas le plus bas quotient familial, malgré les maigres ressources d'une famille de 4 personnes.
A cela se rajoute les frais de cantine de l'aîné qui est au collège 22 euros par mois en considérant qu'il bénéficie d'une bourse de niveau II, plus le titre d'abonnement mensuel au bus
de 24,30 euros.
Dans un cas (164,34)comme dans l'autre (108,82) une belle ponction sur le budget en plus des charges incompressibles de loyer, électricté et ou gaz, téléphone, mutuelle santé, redevance
TV, assurance maison, sans compter éventuellement les charges d'une voiture, entretien et essence.
Autre cas de figure :
Deux parents qui travaillent dont un à temps partiel qui se libère le mercredi et deux enfants un en primaire, un en maternelle :
revenus mensuels 1900 euros + 120 euros de prestations familiales = 2020 : 4 = 505 = quotient 5.
Cantine :2.27 = 81,72 euros
Pas de centre de loisirs, l'un des deux parents ayant choisi de ne pas travailler le mercredi.
Carte 20 prestations garderie du matin pour les deux : 23,73 = 47,46
total pour le mois 129,18 euros.
Sans réintégration de prestations .
1900 : 4 = 475 = quotient 5.
Aucun changement donc.
Dans ces deux exemples, la famille grugée et mise le plus à contribution est donc la famille la plus fragile et vulnérable.
La seconde pouvant trouver au sein de l'organisation du couple un moyen de fonctionner au mieux des intérêts des enfants, la première ne pouvant que se débrouiller.
Il y a de plus en plus d'enfants à Orléans qui arrivent le matin le ventre vide à l'école, d'écoliers et d'adolescents qui ne déjeûnent pas le midi faute de moyens des parents pour les laisser à
la cantine et de temps pour qu'ils réintègrent leur domicile pour faire un semblant de repas.
Nombre de directrices et directeurs d'école le soupçonnent, puis constatent.
Idem pour les collégiens et lycéens.
C'est un véritable cri d'alarme, alors que notre société s'enfonce dans la Crise, que nombre de parents ont perdu ou vont perdre leur emploi ou se retrouvent au chômage technique.
Et que fait notre mairie ?
Et bien ne s'arrêtant à cette injustice flagrante, elle relève les tarifs de 2,89%, indice INSEE faisant foi.
Comme si les salaires et prestations sociales avaient augmenté dans les mêmes proportions.
Des chiffres appliqués froidement et sans état d'âme .
Mais derrière, il y a de l'Humain.
Des familles, des enfants qui souffrent et qui ne sont pas reconnus dans leur vulnérabilité sociale.
Est-ce cela la solidarité à la sauce UMP ?
Elle ne fleure en tout cas, ni la cohésion sociale, ni l'entraide et encore moins l'égalité et la fraternité devises pourtant inscrites aux frontispices de nos écoles, mairies,
assemblée et sénat, mais dans les faits ?
Ce système est dévoyé.
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