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13 Aug

Sécurité Sociale : " L'Empire FHP contre-attaque " (II)

Publié par Circé  - Catégories :  #Franchises Médicales, HPST, Sécu cinquième risque

L'Empire FHP contre-attaque, épisode II.

Mon ami Yves, qui vit seul, s'est bêtement cassé le fémur après avoir glissé dans sa cuisine et chuté lourdement.
On chute rarement avec grâce et élégance, me semble-t-il, plutôt se vautre-t-on lamentablement.

Ce fût le cas pour Yves, comme pour moi en mars dernier.
Sauf que lui a passé quatre heures allongé sur le sol de sa cuisine, sans pouvoir bouger tant la douleur était vive.
Et qu'il a eu aussi la chance d'avoir la visite d'un ami vers 20H.
Ami qui a immédiatement fait le nécessaire pour prévenir les secours : appel au 18, qui l'ont aussitôt convoyé vers le service des urgences d'Orléans.

Prise en charge classique, rapide même devrais-je dorénavant dire, puisqu'il a attendu moins de deux heures pour être ensuite transféré dans le service orthopédie de l'établissement hospitalier.
Après avoir cependant passé les examens d'usage dont les nécessaires radios qui ont confirmé une fracture effective du fémur, juste en dessous de sa prothèse de hanche.

Direction donc service "orthopédie" de l'hôpital d'Orléans où il va être placé sous antalgique morphinique et attendre, attendre, attendre...
48 heures avant d'être opéré !
Les raisons ? Opération non prioritaire ? Pas de praticien disponible ?
Aucune réponse apportée, seule certitude, il a attendu.
48 heures, opération chirurgicale, puis 10 jours d'hospitalisation avant que de rejoindre un établissement dit de convalescence.

Et comme seul l'un des établissements disponibles en région avait encore de la place, Yves se résout par commodité à l'intégrer.
Un avantage au moins, il n'est pas très éloigné de chez lui.
Etablissement privé, certes.
Mais le seul établissement public pour lequel il aurait pu éventuellement opté et demandé à être transféré est de toute façon complet.

Voici donc mon ami Yves " réceptionné " par l'établissement de convalescence géré par un "groupe" d'établissements de soins, du secteur privé.

Et c'est là que commence la " Saga de nos contre-attaqueurs un rien arnaqueurs ", doux euphémisme pour ne pas dire complètement arnaqueurs, par omission ou désinformation, qu'importe, mais loin de la vérité financière que l'on doit aux malades ou convalescents.

FHP contre AP-H(P), la guerre est déclenchée, les profits et bénéfices à l'horizon valent bien cette opération de communication !
Pour le salaire, les horaires des employés, c'est une autre histoire, mais il semble que cela ne compte nullement dans les calculs un rien distraits de notre fédération de l'hospitalisation privée. 

Mais foin des sigles barbaresques, entendre comme écrit ci-dessus pour Fédération de l'Hospitalisation Privée pour FHP, et Assistance Publique- Hôpitaux (de Paris) ou d'ailleurs pour AP-H(P), hospitalisation dans le secteur public pour faire plus simple.

Rendant donc visite à mon ami Yves, voici l'affiche que je découvre, collée à l'entrée de la clinique, dans l'ascenseur, les couloirs, bref un véritable appel à la colère et à la révolte.



Comme vous le savez aussi sans doute, je suis engagée aux côtés d'Eric Taillandier, Président des "Malades Solidaires", ainsi que Bruno-Pascal Chevallier Président de "Ensemble pour une Santé Solidaire" dans la lutte contre les franchises médicales qui sont un véritable impôt sur la maladie et ceux qui en sont atteints (que dire des personnes handicapées, en affections de longue durée, victimes de maladies rares dites orphelines, etc...), ainsi que pour la sauvegarde de notre système de soins solidaire et des Hôpitaux publics.

Bien sûr mon sang ne fait qu'un tour.

A peine les salutations d'usage et échanges rassurants sur l'état de santé d'Yves, je lui fais part du nombre impressionnant d'affiches qui recouvrent différents endroits de l'établissement où il est admis en convalescence.
Yves a lui aussi, répéré les posters et dit ce qu'il en pensait aux infirmières et auxiliaires de santé qui travaillent dans l'établissement :
- " C'est proprement scandaleux !".

Mais laissez moi vous raconter l'arrivée d'Yves qui vaut son pesant de cacahuètes si je puis dire.

Yves qui vient d'être opéré et a passé 10 jours à l'hôpital comme je viens de vous le raconter, a encore, la possibilité de s'offrir le "luxe", -car c'en est un dorénavant- une mutuelle.
De ce côté l'inflation continue au rythme des réformes qui visent à supprimer purement et simplement notre système de sécurité sociale.

A la grande joie du patronat, déjà largement exonéré depuis plus de 20 ans de nombre de cotisations et autres charges sociales et qui a bien été le seul à voir ses prélèvements obligatoires sociaux baisser !
Il faut dire aussi que le "chantage" aux licenciements a bien marché et ce à de nombreuses reprises.
Ainsi que le quasi lavage de cervelle de la population pour accepter tout et n'importe quoi.

Ah, pouvoir d'achat, toi que l'on devait même aller chercher avec les dents...
Le dentier ou ratelier est toujours en place.
Il faudrait beau voir que l'on touchât à l'émail et à la maille de nos nantis.

On voit déjà le résultat avec le sauvetage des banques en décembre dernier :
- bonus et parachutes dorés sont toujours là.
Ni taxés, ni surtaxés, la farce continue...Et qui sont les dindons ?

Pour le reste vous l'avez compris, seuls les salariés cotisent désormais.
Et ce, malgré les nombreuses déclarations de compensations gouvernementales qui ont fleuri dans les discours au même rythme que les exonérations patronales, mais sans jamais donné les fruits promis pour les caisses de la Sécu !

D'où un trou abyssal, voulu, pensé, conçu, étudié, élaboré...avec force désinformations et mensonges par omission.

Pour en revenir à Yves, il cotise donc à une mutuelle.
Une de ces mutuelles d'un des corps de l'administration.
Mutuelle qui existe ainsi depuis de nombreuses années.
Possédant même quelques établissements de cure et convalescence, archi-complets comme vous pouvez le penser, elle est donc connue, reconnue sur la place publique et a toujours fait l'objet d'une plutôt bonne réputation.

C'est du moins ce que je croyais.

Première déconvenue pour Yves à son arrivée, on lui déclare que sa mutuelle n'a soi-disant signé aucune convention avec l'établissement de soins du secteur "privé" qui l'accueille.
Aussi devra-t-il avancer tous les frais liés au tiers payant pour ensuite se les faire rembourser.

Gros étonnement de sa part, puisqu'il a en poche le bulletin d'hospitalisation de l'établissement public d'où il arrive et où il n'a eu besoin d'avancer aucun frais, sa mutuelle ayant pour l'occasion bien été "reconnue".
Il prend donc contact avec celle-ci pour demander une prise en charge.
Sachant qu'il doit passer près d'un mois ici, si tout va bien et que la facture s'avèrera salée, si cela n'était fait.
Pire même, il s'avère qu'il n'aura pas le moindre pécule pour avancer une telle somme.

Qu'à cela ne tienne lui répond-on , vous pouvez signer plusieurs chèques pour vous acquitter du montant de votre séjour.
C'est qu'on est arrangeant n'est-ce pas, dans les établissements privés, avec le portefeuille des malades.

Par ailleurs, on lui demande aussi un chèque de caution de 400 euros qui sera débité immédiatement.
Il lui sera rendu le montant de la caution moins les frais éventuels de téléphone, télévision...

C'est qu'il faut être sacrément riche figurez-vous pour pouvoir bénéficier d'un branchement télévision ou bien avoir un simple accès au téléphone dans cet établissement.

6 euros pour simplement recevoir des appels et ne pas en passer.
4 euros par jour pour avoir une télévision.

Pour ce prix là, vous pensez sans doute que c'est un écran plat dernière génération 3D avec effet dolby surround stéréo ?
Que nenni !
Un petit poste 36 cm, de ceux qui valent moins de 100 euros à l'achat.
Mais qui au bout d'un mois de location par un "patient", aura largement été remboursé, rentabilisé, et aura fait même fructifié un investissement bien faible en qualité et en service.
Par contre très onéreux pour le convalescent lambda.

Yves décide de ne pas prendre de location de téléviseur.
De toute façon, compte tenu des programmes désastreux à mourir d'ennui ( en plus de la maladie pour d'autres, avouez tout de même que c'est un comble !), il n'y a pas perdu au change.

Mais il s'avère que côté salle à manger, il y a là, effectivement un bel écran plat.
Seulement, problème !

Yves est insuffisant respiratoire.
Il se promène d'habitude avec sa propre bouteille à oxygène qu'il met dans un sac .
Ce qui lui permet une autonomie personnelle de déplacement même si celui-ci est en fonction de la fatigue qu'il éprouve très rapidement .

Pour l'instant, il lui est interdit de "gambader", de par sa fracture certes, mais aussi et surtout parce qu'il est branché au tuyau d'oxygène qui arrive dans sa chambre.
Et que la longueur du tube ne lui permet d'accéder qu'aux toilettes de sa chambre.

Très rapidement il propose de se procurer son propre matériel pour pouvoir se déplacer seul, espérant avoir la possibilité d'obtenir un fauteuil roulant.
Problème : on doit se renseigner, question assurance et tout et tout...
Je crois qu'il attend toujours la réponse.

Mais revenons à mon affiche, et à la guerre des HP-HP en cours.
Que je détaillerai dans un troisième volet.

                                                                                                       .../...

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H
Bienvenue dans la quatrième dimension ultralibérale. Et on dit que nous avons la chance de vivre dans un pays où la politique des soins et des prestations sociales sont réglementées.Ton combat aux côtés d'Eric Taillandier et de Bruno-Pascal Chevalier prend tout son sensAmitiés à Yves.
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C
<br /> Merci Hasssan.<br /> Il vient de rentrer à son domicile.<br /> <br /> <br />

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" Pourquoi une Femme entière ne serait-elle qu'une moitié ? "