Un 06 juin suspendu dans le temps...(I)
06 juin 1978 – 06 juin 2010 : 32 années...
Si près, si loin...
32 ans, l'âge de ma fille aînée, la Maman de mes petites filles, Juliette et Justine, et ce 06 juin, date anniversaire, son anniversaire.
32 ans, pourtant...
Un chiffre qui résonne en moi, étrangement .
Il me semble tant que c'était hier seulement.
Mais le temps me joue des tours et sa distorsion me semble de mise.
Pour cela, il suffit que je hisse Justine jusqu'à moi, et son petit visage enfantin se superpose en tous points à un autre pareil quelques 30 années auparavant, celui de sa mère.
Alors, une attendrissante perplexité m'envahit.
L'impression singulière que le temps est aboli.
Quelle est celle que je tiens en mes bras ?
Ma fille ou bien la sienne, toutes deux accrochées en bandoulière à mon cœur et à mon cou ?
Quel petit bout de bonne femme rose et blond, aux yeux couleur d'améthyste se projette dans le miroir du temps ?
Quelle ravissante jeune femme ayant chevelure de miel et yeux azur s'y reflète maintenant ?
Qui sont-elles toutes deux ? La même en écho l'une à l'autre ou bien semblables et si différentes forcément et nécessairement ?
Qu'ai-je ainsi inscrit dans le cycle de la vie, dans mon histoire, mes racines et les leurs.
Une grand-mère, ses petites filles, une mère, ses filles.
Qui pourrait même deviner d'un simple coup d'œil les liens qui nous unissent ?
Mes petites, mes dernières nées à la peau ambrée, ayant pris couleur d'été, crinière noire et bouclée et lèvres bien dessinées, et celles-là, de même sang maternel, teint délicat de porcelaine, chevelure ruisselante de lumière ayant couleur de blé mûr et rayons de soleil d'or?
Ma France à moi, mon Identité Nationale....
Cette généalogie qui s'écrit au jour le jour, et prolonge ce que nous sommes...
La Flandre pâle et pimpante qui s'est alliée par le passé à cette Italie latine, parlant haut et fort, où le cœur se « mandoline » plus souvent qu'à son tour et aujourd'hui d'étranges mélopées venues de ces contrées lointaines où la savane jouxte les lianes de la luxuriante jungle africaine, ouvrant une nouvelle voie, une nouvelle branche à notre arbre familial...
Mes filles, mes petites filles et moi...
Celle dont elles sont issues, comme je l'ai été d'autres femmes venues d'horizons si divers.
Transmettre, encore et toujours : la vie, l'histoire, la liberté, les expériences de vie, les idéaux...J'inscris, je grave...
En leurs veines coule et résonne mon sang, le leur.
Qu'elles le fassent vivre et vibrer à leur tour le moment venu, comme je le fais aujourd'hui.
32 ans. Mais comment était-il ce 6 juin 1978 ?
Un souvenir prégnant d'un temps beau et ensoleillé où l'air était empli de couleurs, de lumière et de chants d'oiseaux.
D'un jardin où j'ai passé mon après-midi, une perfusion cependant fichée au creux de mon bras.
Fuyant tant que je le pouvais encore, cette chambre d'hôpital, ces murs blancs, ces odeurs de médicaments.
Je voulais accueillir cet enfant que je ne savais ni fille, ni garçon,- point d'échographie en ce temps - dans un calme relatif.
Celui que je tentais de garder malgré des appréhensions certaines.
Souvenirs douloureux d'un accouchement précédent, médicalisé, déclenché, irréel, immatériel, inhumain et surtout « immaternel »...
Je retardais ainsi, mon retour vers cet étage et cette salle où je savais qu'en y entrant seule, j'en ressortirai deux.
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