Rêverie sur un tempo jazzy...
Adossée nonchalamment à un arbre, en ce parc où ce soir résonnent de vagabonds tempos, je me suis laissée envahir d'une
musique aux accents changeants et frémissants.
La gémissante clarinette pleurait et s'appuyait sur la grave et vaillante contrebasse.
D'elles émanait une musique aérienne qui me portait vers un ailleurs enchanteur.
Je n'entendais plus les rires et cris d'enfants s'ébrouant en ce jardin.
Ni les conversations saugrenues du chaland qui en ce lieu déambulait, improbable mélomane d'un soir.
Venu plus surement consommer son verre de bière et partager sa solitude, à d'autres inavouée, que l'écoute d'une musique-mélodie servant ici d'alibi.
Je ne voyais plus ces sombres et tristes vigies, oreillettes vissées en leurs pavillons qui n'étaient pas à la musique dédiés.
Au ciel, de douces et charmantes zébrures, rose et violine avaient déchiré ce firmament bas et ennuagé qui avait perduré tout au long de cette journée, d'une triste et incertaine saison
...
Juin ou octobre, été ou automne, qui aurait pu le dire ou l'affirmer ?
Dans la voûte désormais éclaircie, dans les derniers rayons de ce jour mourant sous les assauts de la nuit, quelques hirondelles et martinets entamaient leurs habituels et magnifiques
ballets.
Sur l'onde du vent tournoyant, voguant sublimement, ailes déployées figurant voilure dressée et déployée, accompagnant les murmures étouffés d'un blues harmonieux et lancinant, elles flottaient ,
patientes sentinelles, voulant annoncer au monde lassé, la venue de cet hypothétique été, qui ne nous est pas encore né.
Toute à ma contemplation, espérant celui qui était sans doute déjà parti, moi aussi enfuie vers mes ailleurs, je n'ai plus vu l'heure.
Quelques claquements de mains, sifflets qui se voulaient pour l'occasion flatteurs, loin des tollés souvent redoutés, m'ont ramenée à la réalité.
Je ne vous ai pas croisé.
Je ne vous ai pas rencontré.
Nous nous sommes encore ratés.
A mon inconnu, en vous attendant et espérant ...
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