Lettre ouverte à Pierre Laurent.
Lettre Ouverte à Pierre Laurent,
Cher Pierre,
Je me permets de t’interpeller pour te dire combien est grande ma colère.
Colère en réaction à une campagne de communication organisée par notre parti, le PCF dont tu es le Secrétaire National, et qui vise à combattre la réforme des retraites.
S’il est bien de se mobiliser contre cette réforme qui attaque les droits des salariéEs et notamment ceux des femmes encore plus précarisées de par les inégalités salariales qu’elles subissent, les temps partiels imposés, leur carrière morcelée etc…, encore faudrait-il que pour mener cette campagne, notre parti n’utilise pas une communication complètement ringarde, sexiste et misogyne à souhaits, son support fût-il signé Wolinski !
Car je ne m’explique toujours pas ce choix du dessin de Wolinski qui montre un retraité soi-disant heureux se promenant avec deux jeunes femmes pendues à son cou, auxquelles il met allègrement la main au cul ?
J’en suis à la fois stupéfaite, en colère et découragée !
Me revient cet autre dessin d’il y a deux ans, imprimé sur des verres vendus à la fête de l’Huma où le même dessinateur sous couvert d’écologie et de protection de la planète y représentait une femme à poil, à quatre pattes avec une fleur dans le cul. Est-ce cela l’image de la femme, des femmes que nous avons dans notre parti ? Et si non, pourquoi la relayons-nous ?
Comment de plus accepter les arguments - qui pour moi n’en sont pas - du service communication de notre parti qui répond : non-censure, humour, dessin ne faisant pas l’unanimité qui s’il l’avait fait (l’unanimité) aurait été « mou », et pour finir que si l’avis avait été demandé certes à des hommes, il l’avait été aussi (demandé) à des femmes…
Dernier argument qui tue !
Et qui m’aurait fait rire si par ailleurs, menant comme d’autres femmes et féministes un combat sur la représentation des femmes et l’utilisation marchande de leur corps en publicité, ce n’était celui que nous oppose à chaque fois ces mêmes publicitaires ! Argument qui serait sensé nous moucher et nous faire taire !
A l'heure où le harcèlement de rue, les agressions à l'encontre des femmes de tous âges sont plus que prégnantes, comment en sommes-nous arrivéEs là ?
Et que l’on ne vienne pas me répondre censure de Wolinski qui s’exprime comme il le veut, quand il le veut et par ailleurs via des dessins de presse ou dans ses albums, mais bien de NOTRE communication dont nous sommes responsables à 100% !
J’aimerais croire que ce n’est qu’une erreur.
Une erreur terrible qui vient polluer trivialement notre engagement de terrain auprès des femmes, des citoyennes et citoyens que nous côtoyons, informons, sensibilisons aux discriminations femmes/hommes vécues à tous niveaux dans notre société. Il te suffit pour cela de lire sur le net les réactions, alors imagine sur le terrain…
C’est pour moi, une réelle douleur, un camouflet pour le travail effectué par chacunE d'entre nous depuis des mois, des années sur ces problématiques sociétales, alors que je ne doute pas qu’il existe bien d’autres dessinateurEs de presse, avec ce grand « E » qui signifie qu’il existe aussi des femmes caricaturistes et engagées.
Non, décidément, Pierre, je ne comprends toujours pas.
En 1978, des femmes de notre parti avaient lancé une lutte en interne pour dénoncer les rapports traditionnels homme-femme, avec ce slogan : « Aujourd’hui, quand des femmes communistes entendent « Le PCF est le parti de la libération de ‘la’ femme, elles voient rouge » ».
Je ne sais si je vois rouge aujourd’hui, mais je suis découragée et blessée que MON parti en soit toujours là ou du moins reflète par ses choix de communication les mêmes stéréotypes qu'on lui attribue.
Féministement,
Dominique Tripet ,
Membre du PCF/FDG du Loiret.
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