Un 08 mars militant, féministe et revendicatif à Orléans
Ce 08 mars 2013, comme les autres 08 mars ces dernières années, le Collectif Orléanais des Droits des Femmes était dans la rue pour dénoncer les politiques d'austérité et le recul social.
Mais pas juste pour distribuer des tracts et rappeler ce qu'était le 08 mars, pas une journée de la femme, ou de la "pouffe" comme titrait Libération.
Car évidemment cette journée fait l'objet de toutes les récupérations possibles. Des publicitaires et autres marchands en premier lieu qui n'attendent des femmes que leur "pouvoir" d'achat, même bien maigre.
Mais qu'attendre d'entreprises à but lucratif pour lesquelles seuls comptent leurs bénéfices et dividendes ? Je ne parlerai même pas du journal local qui en ce jour du 08 mars, fait parler six hommes sur les femmes, qui seraient sensés mieux parler d'elles, qu'elles-mêmes !
Les femmes apprécieront encore, que pour parler d'elles, les propos masculins sont donc ceux qui font référence. A quand le retour au gynécée ? Flûte, il y a longtemps que tout nous y ramène, mais bref stéréotypes et clichés ont la vie dure.
Le même journal qui a créé sa nécessaire rubrique "femme": people, mode, sexo, famille, beauté et psycho...Nos fondamentaux réputés "féminins" sans doute inscrits dans nos gênes ?
Dois-je ajouter que ce ne sont pas ces rubriques qui sont un problème en soit, mais bien le fait qu'elles soient dévolues aux femmes en particulier. En quoi devraient-elles être plus féminines que masculines ? Le véritable problème est bien qu'elles ne soient dédiées qu'à un genre, féminin bien entendu, et réputé un genre "mineur".
Mais revenons au 08 mars et au Collectif.
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Car en ce 08 mars donc, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous avons voulu, au sein du Collectif, protester et dénoncer toutes les réformes, décrets, mesures prises et projets à l'étude de fiscalisation des allocations familiales et de la majoration du supplément pour enfants et autres taxations supplémentaires des pensions de retraites.
Mesures qui appauvrissent et précarisent toute la population sans exception, au prétexte de crise et de réduction de la dette, mais qui touchent plus durement encore les femmes dans notre société.
Notre Collectif craint à ce propos qu'avec l'accord scélérat de "flexisécurité", l'égalité salariale entre femmes et hommes se fasse au détriment des salaires et pensions des hommes.
Nous voulons des salaires et retraites décentes pour toutes et tous, en baisser les montants ne va pas dans le bon sens. C'est sur une barre sociale haute que nous voulons l'égalité, pas sur la misère et la précarité.
Mais voici la retranscription de ma prise de parole devant la Banque de France ce jour-là, lieu où commençait notre manifestation.
" Bonjour à toutes et à tous,
Et merci d’être présents ce soir en cette journée qui n’est pas la journée de la femme ou journée de la pouffe comme l’a titré humoristiquement un quotidien national, mais la journée internationale de lutte pour les droits des femmes !
Nous sommes donc là pour dire aussi que tous les autres jours de l’année doivent être des « 08 mars », des jours où l’égalité salariale, professionnelle entre femme et homme doit être de mise !
Il ne suffit pas de nous la promettre cette égalité salariale, encore et pour la énième fois, mais seulement dans 6 mois ! Pourquoi alors qu’elle est inscrite dans nos lois depuis plus de trente années ne pouvons-nous pas l’obtenir dès maintenant. Le changement c’est maintenant disait le slogan de notre Président alors candidat l’année passée et le changement ce doit être aujourd’hui !
Qu’est-il possible de faire dans six mois qu’il ne soit impossible de faire dès aujourd’hui ? Sinon encore une fois, dans six mois nous dire, que la situation de notre pays, la dette, la crise se sont encore aggravées, et faire de nous les grandes sacrifiées de toutes politiques salariales et sociales !
Nous sommes là pour dire que nous voulons en finir avec les discriminations de genre et nous réapproprier, nous autres femmes, la rue…Non pas pour en arpenter « les trottoirs », mais bien pour y avoir toute notre place de citoyenne avant tout, libre de déambuler quand nous voulons, à l’heure que nous voulons, habiller comme nous le voulons ,sans être agresseées verbalement, siffleées, insultées ou même pire agressées !
Nous sommes là pour dire que voulons en finir avec les violences sexistes, machistes, le harcèlement sexuel, moral, les violences physiques ET sociales !
Car ne sont-ce pas des violences qu’aujourd’hui encore les femmes soient en moyenne payées moins 27% que les hommes dans le privé ?
Ne sont –ce pas des violences sociales qu’elles perçoivent toujours des retraites de misère ?
Avec quelques chiffres parlants : Si le montant moyen des retraites tous âges et carrières confondus, est à l’heure actuelle, selon l’INSEE de 1183 euros par mois, le montant moyen des pensions perçues par les hommes est de 1489 euros, contre 777 euros pour celles des femmes !
Soit 700 euros de pension en moins, l’écart a malheureusement progressé. Tout cela pour dire que les retraites des femmes sont en moyenne en dessous du seuil de pauvreté qui est lui de 964 euros
Nous sommes là pour dire que nous ne voulons pas être les déclassées du monde du travail, car les femmes sont en moyenne plus diplômées que les hommes mais entrent dans le monde du travail plus tard, ne sont pas embaucher en premier lieu car les grossesses et congés de maternité sont encore et toujours un frein pour l’embauche des femmes.
Nous voulons un vrai congé parental comme cela existe dans les pays nordiques, payés au même niveau que le dernier salaire perçu au moment de la prise du congé de maternité. C’est ainsi qu’'homme et femme pourront prendre tous deux des congés parentaux, pas en menaçant de ne pas en accorder aux femmes dont le compagnon refusera de le prendre pendant au moins six mois !
Notre proposition si elle est adoptée, sera bonne pour l’égalité salariale, professionnelle, les cotisations sociales et le niveau des retraites !
Nous voulons des crèches pour pouvoir faire garder nos enfants et continuer notre carrière professionnelle.
Nous voulons que nos enfants puissent être acceptés dès l’âge de deux ans et demi dans les écoles maternelles.
Nous voulons que nos enfants puissent rester à la cantine même lorsque nous sommes en situation de chômage, car comment retrouver du travail, honorer des RDV si nos enfants sont à la porte des écoles le midi ?
Nous voulons encore et toujours la liberté pleine et entière à disposer de nos corps !
Avoir un enfant quand nous voulons et si nous le voulons ! Nous dénonçons l’abandon des missions de service public de l’Etat, les effets de la loi Bachelot autrement dit loi HPST et ses conséquences pour les femmes avec un accès de plus en plus difficile à l’IVG.
Nous voulons encore et toujours être des citoyennes à parts entières, obtenir la parité en représentation politique. Nous représentons plus de la moitié du corps électoral et pourtant …à peine 27% de femmes siègent à l’Assemblée Nationale, et moins de 22% au Sénat …
Enfin, puisque cela a intrigué nombre de personnes du pourquoi du début de cette manifestation devant la Banque de France, et bien c’est tout simplement parce que la BDF a révélé, il y a peu, le nombre de dossiers de surendettement déposés l’année passée, soit 1 million de dossiers. Et bien, sur ces 1 million de dossiers, 70% sont ceux de femmes, femmes seules, à la tête de familles mono-parentales ou bien femmes retraitées.
C’est dire, combien la crise et les politiques successives ont affecté la situation des femmes dans notre pays.
Pour finir, alors oui, Homme et femme, faisons de ce 08 mars, une véritable journée de lutte pour les droits des femmes, car en défendant les droits des femmes, leur émancipation, ce sont ceux aussi des hommes que nous faisons progresser ! "
Cette manifestation qui était une première sous cette forme à Orléans de la part de notre Collectif a réuni près de 150 personnes au plus fort du RDV. Cela peut paraître modeste, cependant pour nous cela a été une réussite.
Des éluEs étaient présentEs.
Et bien évidemment, des femmes, horribles féministes dont j'ai lu que certain voudrait voir "parquer dans des réserves", et pourquoi pas dans des camps de rééducation de sinistre mémoire aussi ?
Mais rien d'étonnant pour ce persifleur patenté, habituel péroreur en matière de propos sexistes, ne brandissant plus que son âge et son vécu pour s'éxonérer de la moindre retenue.
Mais laissons place aux copines et copains réellement investiEs, elles et eux, dans la vie de la cité et pour la cause des femmes.
Et même quelques jeunes "samouraïs" qui auront
appris à n'en pas douter de leur mère ..., notre avenir.
Pour finir quelques liens vers d'autres relais de l'action du Collectif orléanais des Droits des Femmes sur le web et ailleurs :
- vidéo plus haut du site agorapress
Et puis aussi sur :
- Radio Campus, émission Zakouski du 08 mars
- France Bleu Orléans, le Grand Bucher du 08 mars avec Monique Lemoine
- Radio Châlette,
- Radio Nostalgie,
Un point de vue sur les blogs féministes et militants, et pour l'occasion le mien, de la journaliste à France 3 de Christine Launay.
Et aussi plus spécifiquement dans l'édition du 08 mars, concernant problématique du Planning Familial et des difficultés que rencontrent les femmes pour accéder à l'IVG, dans notre département et en france actuellement.
Et enfin, l'équipe du Planning Familial interpellant ce mardi 05 mars dans la manifestation contre l'ANI sur cette même problématique.
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