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11 Jan

Prendre un RDV en gynécologie au CHR d'Orléans : Koh-Lanta ou Mission impossible ?

Publié par Circé  - Catégories :  #Femme, Société et politique

140310-2.jpgAu moment où je commence ce billet, je suis toujours accrochée à mon téléphone, en perdition entre mon domicile et un hypothétique ailleurs.


Non pas que je sois une naufragée de la route, des airs ou des chemins de fer, mais tout simplement une "patiente", dans tous les sens du terme qui essaie d'obtenir un rendez-vous . Mais en quoi me direz-vous ?


Depuis 09h ce matin, en ce mardi 11 janvier 2011, je tente désespérément de joindre le centre hospitalier d'Orléans, soit le 02.38.51.44.44, un peu de publicité ne peut pas nuire.


Après une attente "minime" de 5 minutes ( la suite me confirmera la réalité de  ce diagnostic ), me voici l'heureuse interlocutrice d'une standardiste fort aimable au demeurant. Je me dois de préciser cela en préambule, car elle ne s'en départira jamais, envers et contre l'Odyssée ubuesque qui nous attend toutes deux durant les quarante minutes qui vont suivre.


Un peu de soleil ne peut pas nuire pour engager non pas un combat des Titans, mais celui de ces sorcières qui ont besoin d'un RDV en gynécologie, autrement dit, nous les femmes !


Car je lui annonce effectivement, tout de go et sans autre forme de procès, que je souhaiterais obtenir le service gynécologie. Ceci pour y prendre date pour une consultation-suivi de "routine".


Que voulez-vous, les sorcières étant du genre féminin, il faut bien que certains contrôles se fassent. Et je ne parle pas là du manche à balai, mais de certain col qu'il nous faut vérifier. Et par conséquent le mien aussi :

N'est-il pas porteur d'un petit crabe en formation ?

Est-il toujours sain de corps ( et d'esprit, si...si...) ?

Et le dirais-je crûment, vais-je encore une fois passer avec brio et panache, le contrôle technique qui atteste, résultats du laboratoire faisant foi, du bon état de marche de mon appareil XX ?


J'ai hésité à ce propos avec la métaphore du tigre dans le moteur.

C'est joli, rugissant à souhait, mais j'ai craint qu'au seuil de la caverne, certain n'ait craint pour le sien d'appareil, XY celui-là, et de l'état éventuel dans lequel il le retrouverait ou non d'ailleurs au sortir de l'endroit, si l'image se faisait réalité.


Pour en revenir à mon propos, je ne doute pas que l'on nous impose bientôt une estampille adéquate à ce sujet. Dans ce domaine des possibilités, je n'en serais pas plus étonnée que cela, certaine entreprise, ayant imposé aux femmes, du moins celles qui sont réglées, le port d'un bracelet rouge.

Histoire d'expliquer et «d'excuser » (?) les pauses pipi intempestives nuisant à la bonne marche et au rendement de la dite entreprise.

Pour les messieurs qui souffriraient de la prostate, pas encore de bracelet bleu. Mais en matière d'égalité et de parité, on ose espérer que le propos soit d'un autre niveau.


Mais revenons aux méandres téléphoniques du côté du temple d'Esculape, où je suis toujours perdue . Las il semblerait que ce matin, le petit Dieu Hermès, ne soit pas de la partie.

Sans doute licencié quelque part entre économie de fonctionnaires et mutualisation de personnels et du coup un service désastreux et à l'agonie : des salariés qui se font engueuler à longueur de journée et des patients impatients et mécontents .


Le populisme initié au plus haut sommet de l'Etat n'étant jamais loin, pas un jour sans : " Ah ces feignasses de fonctionnaires qui ne foutent rien de la journée, le cul vissé sur leur chaise etc...etc..."

Que voulez-vous, la mythologie n'est plus ce qu'elle était.

Mais peu importe. Nos services publics de la santé, de l'énergie, de La poste ou des télécommunications qui étaient autrefois le fleuron de notre pays sont aujourd'hui bradés sur l'autel des profits à se faire, découpés en rondelles et autres tranches de saucissons à l'attention des sociétés privées .

Et elles se pourlèchent les babines au doux fumet de l'argent à se faire sur le dos de la population. Manque ici le petit génie des idées foireuses et néanmoins lucratives qui nous pondra la réponse à tout cela : la plate-forme téléphonique située au Maroc, en Lituanie, Hongrie ou ailleurs...


Pour l'heure, avant de nous promener en d'autres contrées, ce qui ne saurait tarder, revenons au CHR d'Orléans. Quoiqu' il semble plus facile de prendre un rendez-vous chez un plombier ou un garagiste plutôt que dans un service de gynécologie.

Mais pas de rapprochement ou d'amalgame hâtif et de mauvais aloi, je ne confierai pas mes problèmes de tuyauterie à n'importe qui !


Ma gentille standardiste sourire dans la voix – oui, oui, cela s'entend - me passe le service demandé. Flute, reflûte et scrongneu-gneu, je tombe sur un robot :

- "Pour obtenir un rendez-vous en gynécologie obstétrique, faites le 1".

- "Pour obtenir un rendez-vous en gynécologie médicale, faites le 2."

Merde alors, les émissions idiotes de télé-réalité s'invitent jusqu'ici . C'est combien l'appel au fait ? N'ayant de toute façon pas d'autre choix, j'obtempère et tape sur le 2 : -«  Toutes les lignes de votre correspondant sont occupées, veuillez renouveler votre appel ultérieurement ... »


GRrrrr....Je refais illico-presto le numéro. Le standard décroche cette fois rapidement. C'est la même charmante standardiste qui me répond à laquelle j'explique l'impasse robotique quoique bigophonique dans laquelle je me suis retrouvée. Ma controleuse des ondes téléphoniques, attentive et serviable, m'oriente ainsi vers une nouvelle voie.


Fatalitas aurait dit Chéri-Bibi !

Car pendant rien moins de 20 minutes, montre en main, une partie de ping-pong haletante s'y est engagée.

A gauche le poste du service gynécologie sourd à nos appels . Après "x" sonneries dans le vide, la demande de communication rebondit à droite chez la standardiste émérite qui récupère brillamment l'appel émis quelques instants plus tôt, le renvoit avec doigté et dextérité vers le même poste qui sourd à nos appels .....

Bref, après huit allers-retours comptés, j'en abandonne le dénombrement.


Mais à 09h28, une jolie voix féminine et flûtée me répond. Hourra !

- «  Je souhaiterai prendre un rendez-vous en gynécologie s'il vous plaît avec le Dr «  X ». »

- «  Ah, mais vous n'êtes pas au bon poste, je vous passe le service »


Nouvel engagement pour le second round de ma partie de tennis de table d'écoute et de non réponse. Ma standardiste préférée, avec gentillesse et néanmoins désolation quant à la qualité du service rendu, tente par tous les moyens de me faire parvenir à bon port téléphonique.

Et elle y arrive enfin, au bout de 40 minutes, toujours montre en main .


Nouvel "Hourra" de ma part, auquel me répond avec humour la secrétaire du service gynécologie : - «  Ah bon ? Pourquoi ? Ce n'est pas le service que vous souhaitiez ? Je peux raccrocher si vous voulez... ».

Pour en finir, j'obtiens enfin mon sésame pour la prochaine étape : 15 février !


C'est avec dérision et ironie que j'ai décidé de prendre aujourd'hui cette mésaventure. Cependant, je vous laisse à penser l'irritation, plus que compréhensive de celles ( et ceux dans d'autres services) qui souhaitent prendre un rendez-vous médical.

J'en ai fait pour ma part un parcours initiatique pendant lequel j'en ai profité pour appréhender les conditions de travail et d'accueil des unes et des autres .


La standardiste affable : Ennuyée de ne pouvoir exercer sa profession correctement en ne donnant pas satisfaction en un temps optimum aux usagers auxquels elle répond. Ce standard qui est souvent le premier maillon pour se faire copieusement incendier, houspiller et, malheureusement même, insulter.

La secrétaire qui me confirme que nombre de praticiens ne font plus de gynécologie médicale. Quant à ceux qui exercent encore cette spécialité - je rappelle que les femmes représentent un peu plus de sommes 51% de la population -, les rendez-vous en cas d'urgence sont donnés  à trois semaines.

Avec tenez-vous bien l'obligation pour la femme d'obtenir une recommandation à leur adresse ( les gynécos), de leur médecin traitant. Et cela, je le répète pour une urgence.


Par ailleurs, la vie sexuelle et gynécologique d'une femme ne se résume-t-elle qu'à un éventuel état de grossesse ? Est-ce donc à dire que seule l'obstétrique doit avoir droit de cité dans les hôpitaux publics et d'ailleurs ?

A quoi servent les campagnes de prévention du  cancer du col de l'utérus s'il n'y a pas derrière des services et spécialités médicales dignes de nom ?

Mais concernant les femmes, ce gouvernement peut attaquer en toute impunité : Les centres de planification familiale, les CIVG, la gynécologie médicale pour en rester dans le domaine de la santé.


Mais si on l'étend à la société, ce sont : la précarisation du travail féminin, les temps partiels imposés, les écarts de salaire, de pension, la disparition programmée des femmes en politique avec la réforme des collectivités territoriales, la fin de la parité...

Bref, un autre maillon de la domination masculine jusque dans les politiques de santé. Curieusement si la gynécologie médicale est une spécialité qui tend à disparaître, celle de l'urologie et des maladies liés aux organes génitaux masculins, elle, connaît une progression remarquable .

Allez savoir pourquoi ?


Pour l'hôpital public et ses services, il est à l'agonie. Une agonie voulue, programmée avec une mise à mort qui n'est pas loin.

Depuis des années nos gouvernants et l'UMP en sonnent l'hallali.

Nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus pouvoir nous soigner correctement, voire même à abandonner certains soins.

Alors est-ce cela l'accès aux soins que l'on nous propose ?

Et que dire des femmes qui répugnant à se faire suivre se heurtent aux mêmes difficultés que moi aujourd'hui, sans compter les disparitions des établissements hospitaliers et médicaux suite à la loi HPST ?


Je n'ai plus envie de plaisanter. Et si on changeait tout cela ?

 

oct2008-16.jpg

Caricatures : Emelire

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T
<br /> <br /> vous etes douée avec l'écriture, c n'est pas nouveau mais toujours une claque ! Le sujet est grave, mais en bref c'est encore la faute a sarko ! Il s'immisce partout, faut vérifier ! J'ai pensé à<br /> vous avec les evenements actuels au bled, mais ne veux rien en ecrire ! c est bien !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Tilk :<br /> <br /> <br /> Tout comme vous sans doute, mon esprit et mon coeur sont de l'autre côte de la Méditerranée en ce pays que vous appelez le bled, et que je prétends, moi qui suis Roumia, être ma terre.<br /> <br /> <br /> Et je pense à celles et ceux qui sont ma famille de coeur.<br /> <br /> <br /> Et dois-je l'avouer, je suis morte de trouille pour eux. J'en ai le soufflz coupé et je ne peux rien écrire à ce sujet pour l'instant.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Coup de gueule justifié, et je peux même dire que cela fait bien des années que la dégradation du Service au public a commencé en gynéco à Orléans, et qu'il est fort difficile d'obtenir un RV.<br /> <br /> <br /> C'est ainsi que je n'ai jamais passé la visite post-accouchement, qui devait avoir lieu un mois après la naissance de ma fille avec le gynéco qui avait assuré son arrivée. Quand j'ai téléphoné,<br /> au bout de 3 semaines, je suis restée au téléphone fort fort longtemps (un peu comme le royaume de Fort Fort Lointain dans Shrek) pour m'entendre répondre que les RV n'étaient pris que de telle<br /> heure à telle heure.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Je me suis déplacée, pensant que ce serait plus simple : on m'a expliqué que les RV ne pouvaient être pris que par téléphone.<br /> <br /> <br /> Re : <br /> <br /> <br /> Enfin, on m'a annoncé 2 mois de délai avec le gynéco en question...<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Vu que j'allais bien (ou du moins le pensais-je) j'ai, tout simplement, laissé tomber. C'était il y a quelques années déjà, ma fille est grande...<br /> <br /> <br /> Finalement, c'est mon généraliste qui s'occupe de mes frottis... !<br /> <br /> <br /> Pour ce qui est des autres vérifications... je croise les doigts.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Polyb :<br /> <br /> <br /> Pour ma part, mon médecin n'assure pas ceta spect particulier de la médecine.<br /> <br /> <br /> Ainsi je me trouve donc obligée de passer par cette case là. D'autant que je dois avoir un suivi particulier, compte tenu de certaines petites cellules qui ont certes été éradiquées, mais peuvent<br /> revenir et devenir annonciatrice d'un crabe dont je me passe fort bien à ce jour.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

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" Pourquoi une Femme entière ne serait-elle qu'une moitié ? "