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30 Nov

Les femmes, ces sorcières ....

Publié par Circé  - Catégories :  #Femme, Société et politique

C'est soi-disant une chronique culturelle, faisant partie de l'émission "La Matinale" de Canal+, dont je ne sais que fort peu de choses, il est vrai.

 

Car cette émission (La Matinale) est devenue d'une telle platitude, un tel lieu ressemblant plus à un déversoir de tous les poncifs démago-populo possibles, sur tout et n'importe quoi, que j'ai fui depuis bien longtemps, cette plage horaire de diffusion en clair de Canal+.

 

Alors, pourquoi ai-je donc zappé hier ? Sans doute pour fuir là-encore, une page de pub lors de la diffusion d'une autre émission, d'un autre journal matinal qui m'exaspérait.

 

Bref, tout cela pour vous dire que je suis tombée sur une chronique dite culturelle qui m'en a laissé sidérée de tant de bêtise et d'amalgames.

 

Au prétexte de présenter une exposition qui a lieu actuellement au Musée de La Poste à Paris, et ce jusqu'au 31 mars 2012, sur le thème des : " Sorcières, Mythes et Réalités ", la chroniqueuse en titre (?) fait montre d'une telle inculture que cela démontre pour le moins qu'elle n'a pas bossé son sujet.

 

Etre chroniqueur ou chroniqueuse n'est sans doute pas aisé, mais on peut supposer que lorsqu'il/elle choisit ou que celui-ci leur est imposé, à minima, s'agit-il de s'informer sur celui-ci ?

 

Ici, il s'agissait d'une expo sur les sorcières.

Tiens, en voilà un sujet intéressant par les temps qui courent.

 

Mais quelles surprise et déception de constater que de bout en bout, tous les poncifs véhiculés dans l'inconscient collectif, ramassis des accusations proférées par l'inquisition, sans oublier le couplet sexiste sur les femmes par qui le scandale arrive a été débité.

 

Et cela commence fort, très fort même.

 

Ni plus, ni moins que par la convocation de Tristane Banon et Nafissatou Diallo, qui à "leurs corps défendant, peut-être " sic Clara Dupont-Monod, chroniqueuse ce jour-là, seraient une représentation moderne des sorcières, pour avoir provoqué du désordre, et du désordre sexuel...re-sic.

 

Inutile de dire que je bondis en entendant cette entrée en matière, introduction, préambule et pourquoi pas préliminaire pendant qu'on y est pour l'écouter, psalmodier ( hé, hé..) toutes les inepties du genre.

 

La femme responsable de tout ce qui lui arrive, la menteuse, celle par qui le scandale arrive.

 

On aurait pu imaginer qu'elle ne prennne pas le risque de cette proximité avec cette affaire révélant combien dans toutes les affaires de viol, les femmes ont encore le plus grand mal à se faire reconnaître comme victimes, plus souvent jugées comme responsables des agressions commises sur elles, dans notre société patriarcale et machiste où la domination masculine est encore de mise.

 

Dédouanons donc ces messieurs qui ont des pulsions irrépressibles, des besoins tels que les femmes ne peuvent qu'être des objets dont ils disposent à merci.

 

Et puis après tout, qui sait, ce sont sans doute elles qui les ont provoqué, juste en passant par là, même que peut-être aussi elles y ont trouvé grand plaisir pendant les 7 minutes montre en main, qu'a duré une fellation imposée par un parfait inconnu.

 

Mais bon, d'après cette chroniqueuse, "c'est peut-être à leur corps défendant" qu'elles sont la représentation moderne des sorcières...Cela n'a visiblement pas l'air de la gêner un instant d'oser cela. 

 

Mais la chronique se poursuit.

 

17ème siècle, siècle rouge...l'Eglise, et Eve, créature du pêché.

 

Contre-vérité puisqu'Eve n'est pas la créature du pêché, même si elle a " désobéi" en croquant le fruit défendu, le fruit de la connaissance.

 

Non, celle qui serait une créature représentant le pêché, créée de la même argile qu'Adam est Lilith. Lilith qui a refusé la domination d'Adam et d'un pseudo créateur, plus certainement aussi celle qui a pris la forme du serpent tentateur pour se venger, et qui deviendra selon certain mythe la préférée de Lucifer.

 

Mais Clara Dupont-Monod de poursuivre sur les sorcières, guérisseuses, voyantes, versées en maléfices et autres connaissances délétères...Le fin du fin étant cette phrase : "Et son meilleur ami à la sorcière est Satan !".


Ben tiens, c'est qu'elle a dû drôlement se creuser pour faire sa chronique, Clara Dupont-Monod.

 

Même qu'il lui aurait suffi de se connecter sur le site de l'expo pour avoir l'air un tantinet moins ignorante quant à son sujet.

 

Car très concrètement le nom de Satan n'est pratiquement jamais évoqué, même dans les écrits de l'inquisition quant aux procès des sorcières. Non, elles doivent répondre à des accusations d'invocations à Belzébuth, Asmodée, Astaroth ou encore au Diable, mais aussi d'user de pratiques diaboliques : les diableries.

 

Satan, étant d'ailleurs un terme plus récent, plutôt fréquemment utilisé aujourd'hui lors d'autres incantations d'intégristes religieux " pour désigner les Etats-Unis d'Amérique et par extension Israël, le royaume uni, la France, le Canada, etc...

 

Vient ensuite le morceau d'anthologie sur le Sabbat, lieu où s'adonnaient aux orgies sexuelles, cannibalisme et scatologie, sorcières et sorciers et où revient bien évidemment la légende des petits enfants sacrifiés et mangés.

 

Aucun recul, aucun parallèle avec l'histoire, les mythes anciens concernant avant tout la Nature, les solstices, les pharmacopées végétales connues avant tout des femmes et surtout, surtout l'amalgame honteux que n'avait pas hésité à faire l'Eglise Catholique avec le Shabbat juif, les accusant eux-aussi d'enlèvement de petits enfants qu'ils sacrifieraient au cours de cérémonie toute aussi occulte que celles prêtées aux "sorcières".

 

Vient le tour d'Esméralda se retrouvant dans sa bouche présentée en sorcière. Fi de la trame du roman où elle est accusée avant tout de meurtre par Frollo à qui elle se refuse...Certes, c'est sous la contrainte de la torture qu'elle se reconnaît sorcière, mais tout de même le raccourci est pour le moins douteux.

 

Bon, Jeanne d'Arc n'y est pas passée, mais sans doute n'y a-t-elle pas pensé ?

 

Est ensuite convoquée Zahia.

Ben tiens, une prostituée est sans aucun doute une sorcière lubrique. Même que ses clients sont de tendres et doux êtres subjugués de tant d'appâts diaboliques auxquels ils n'ont su résister, surtout "lorsqu'ils sont à paillettes" et que l'on n'est que de pauvres footballeurs.

 

Pauvres Tristane et Nafissatou, mêlées à cela, malgré ses dénégations, puisque de nouveau citées.

 

Le féminin qui renverse le masculin, entend-on alors, le cauchemar masculin dixit Gilles Delafon qui en rajoute avec les sorcières de Salem, acte fondateur selon lui de la République Américaine.

 

Et la chronique de s'achever sur l'intervention de Léon comparant sabbat et rave party avec des jeunes gens qui font de la musique, interrompu par Clara Dupont-Monod par cette fabuleuse sentence :

- " Oui mais là personne ne dévore des enfants, ne s'asperge d'urine et le Carlton à côté c'est une tranquille partie de Monopoly..."

 

Elle y croit ? Ben moi j'y crois pas d'avoir entendu cela.

 

Pourtant, vous pouvez écouter ce morceau d'anthologie d'inconséquence et de stupidité ICI, à partir de la 34ème minute.

 

Mais après tout, pourquoi suis-je donc étonnée de tant de poncifs et débilité lorsque depuis dix jours sont déversés des torrents de fiel, de logorrhée verbale sur les "féministes" qui sous certaine plume et commentaires, se masturberaient à coup de lüger.

 

On appréciera la qualité, le manque de sens et de retenue de tels propos. Et que dire de l'honnêteté intellectuelle de ces écrits à charge qui "oublie" (?) de faire un lien vers le compte-rendu de l'action anti-sexiste faite par le Collectif Orléanais des Droits des Femmes.

 

Peu importe après tout.

 

Déranger autant, provoquer de telles réactions ne peuvent que démontrer combien nombre ne sont pas au clair quant à leur attitude, la place et les droits que devraient avoir homme et femme dans notre société profondément inégalitaire, malgré des lois formelles et non appliquées.

 

Ce sont là des rapports de domination qui engendrent bien des violences, de genre, conjugales, professionnelles, d'agressions verbales, sexuelles...

 

Quant à l'image de la femme dans notre société, les médias ne sont pas le moindre des vecteurs des stéréotypes et poncifs véhiculés.

 

Curieusement une commission chargée d'étudier justement l'image des femmes dans les médias a été créée cette année et dans son constat, on peut lire ceci :


" ...Il s'agit de dénoncer les manifestations du sexisme, des plus outrancières aux plus larvées - ces dernières étant souvent les plus difficiles à combattre..."

 

Comme c'est curieux, et même bizarre.

Tiens, vous avez dit bizarre ?

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" Pourquoi une Femme entière ne serait-elle qu'une moitié ? "