Islamisation en Terre Kabyle ou l'Effacement des Cultures Musulmanes.
Retour en Terre Kabyle où me voici revenue après quatre longues années d'absence .
La Kabylie, c'est une Terre où ses habitants semblent appartenir à une immense fourmilière en activité, avec des codes qui jusqu'alors n'étaient pas systématiquement les mêmes d'une fourmilière à l'autre.
Et chacun-e de s'agiter dans un sens, dans l'autre, descendant vers le bas de la ville, ou au contraire remontant jusqu'à son coeur ancien où subsistent quelques vestiges de la colonisation.
La ville où je réside actuellement ne fait pas exception à la règle.
Construite à flanc de colline entre vallée de la Soummam et Mont Djurdjura.
Et elle fourmille, grouille, de ces insectes humains qui ne s'arrêtent pas, tôt le matin et tard le soir, circulation à l'avenant, marchés s'installant plusieurs fois par semaine dès 5 heures du matin, camions transportant matériaux de constructions la traversant de toutes parts, d'ouest en est, du nord au sud.
Rien n'a changé depuis quatre années, chacun-e s'activant à ses affaires...
Mais quelles sont-elles ces affaires, reflets d'une vie humaine ?
Courses ? Marchés ? Travail ? Visite rendue à un membre de sa famille ? Prendre nouvelle d'un-e voisin-e ou ami-e dans le besoin ou souffrant ?Rendez-vous chez le médecin ? Ou bien des enfants à conduire à l'école ?...
Encore qu'ici les enfants partent le plus souvent seuls bien qu'en groupes, dès leur plus jeune âge. S'ils n'habitent pas trop loin de l'école bien entendu.
Ce qui ne me semble pas être du domaine de l'abandon d'enfants mais bien d'une responsabilité et confiance que leur accordent très tôt leurs parents.
Des souvenirs d'enfance ressurgissent alors, ceux où moi-aussi j'allais ainsi seule, sans parents à mes côtés, mais avec mes camarades de classe jusqu'à l'école.
En France, les parents d'aujourd'hui sont sommés, politique sécuritaire sévissant, de les conduire à l'école, au risque s'il survenait le moindre problème d'être qualifiés de parents si ce n'est maltraitants, pour le moins délaissants.
Rien n'aurait changé, donc en quatre années, hormis les constructions nouvelles ? Car oui, nombre de constructions se sont élevées depuis, édifiées un peu partout dans la ville, aux alentours...
Pas toujours très élégantes ces constructions, voire le plus souvent d'une esthétique frustre pour ne pas dire laide, et qui défigure plus souvent qu'à son tour le paysage, éventrant à qui mieux-mieux le Mont Djurdjura.
Mais ce qui aurait pu être une catastrophe au niveau de la distribution de l'eau par exemple ne s'est pas produit.
Un barrage a été construit en amont et mis en service. Ce qui permet une desserte en eau moins aléatoire qu'il y a quatre années auparavant. Cependant, des coupures d'eau subsistent. Mais elles sont, à l'échelle du pays, anecdotiques si je m'en réfère à la situation de 2007.
Hormis cela, rien n'aurait changé Et pourtant...
Il est de ces changements qui me glace le sang tout autant que l'âme et le coeur : En ma Terre d'adoption les voiles ont fleuri sur la chevelure des femmes, tout autant que les tenues islamiques...
Cachant plus surement la laideur de l'âme humaine que sa beauté.
Ainsi au prétexte de respect et de révération à un Dieu qui ne reconnaîtrait en ses ouailles que des animaux en rut, prêts à s'adonner à toutes les turpitudes du corps et du désir, les femmes s'affublent d'horribles oripeaux, et les hommes qui ne sont pas en reste, croient faire montre d'adoration et de vénération en se grimant en un prophète qu'ils fantasment près de 1500 ans après sa mort.
Certains se demandent-ils si vivant à notre époque, celui-ci aurait continuer à se vêtir comme en ce VIème siècle après JC ou Ier siècle de l'Hégire ?
J'en viens à me demander si hommes et femmes sont vraiment doués de raison, d'entendement, de compréhension, de facultés d'analyse...
Je suis bouleversée.
L'islamisme comme uniformisation des cultures, comme oubli et reniement de ses racines, de ce qui fondent les peuples et leur Histoire.
Ainsi du Maroc à la Tunisie, en passant dorénavant par l'Algérie, de la Syrie à l'Iran sans oublier les pays du golfe persique : Qatar, Arabie Saoudite, Bahrein...L'oeuvre « d'homogénéïsation », de stérilisation devrais-je dire des peuples de culture musulmane est en route.
Des siècles de conquêtes, d'interactions entre cultures différentes, d'apports positifs au delà des massacres perpetrés au nom d'une guerre sainte de part et d'autre, d'enrichissement culturels sont en train d'être effacés, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire à l'échelle d'une vie .
Si peu de réactions...
Cette perte là est bien plus terrible encore que ces voiles. Sans repères, sans racines, sans traditions, sans spécificités, une seule et même « Nation Musulmane » semble vouloir voir le jour.
A moins que là-aussi, les marchands du temple, ceux qui font commerce de ces étoffes réputées octroyer le label rouge du ou de la bonne croyante, n'amassent bien facilement deniers sonnants et trébuchants sur le manque de rectitude de l'âme humaine, tenue alibi brandie en offertoire.
Se couvrir pour se dédouaner de la noirceur de son âme, de l'envie, de l'orgueil, de la bêtise, du manque de tolérance et d'ouverture à l'autre.
Se croire ainsi bien facilement, trop facilement au dessus du lot. Pourtant vous ne participez qu'à un mouvement moutonnant et bêlant, celui du Panurgisme qui bien plus surement vous conduira au fond du gouffre avant que de vous abandonner à l'oubli éternel plutôt que de vous conduire en un hypothétique Paradis.
Se souvient-on d'ailleurs du nom d'un seul des béliers de Panurge ?
Alors, une culture se construit-elle ainsi sous nos yeux ou bien est-elle tout simplement en train de s'auto-détruire sans que nombre en dénoncent les effets pervers autres que ceux que l'on attribue plus surement à l'Islamisme : violence et terrorisme ? Toutes choses qui ne feront jamais de vous de bons croyants mais surtout des êtres contraints par la peur et non convertis à une foi sincère.
Je suis d'une profonde tristesse. Un grand vague à l'âme me saisit.
Les enfants de Kahina, la belle, la rebelle ne sont plus. En eux ne coule plus le sang de la Liberté et la fierté d'être berbère. De la grandeur de leurs anciens, de ces villages conduits alors en minis républiques, chacun-e ayant droit et voix au chapître, hommes et femmes confondus.
Seules quelques anciennes continuent à porter fièrement leurs tenues, sous l'oeil goguenard des plus jeunes. Si jeunesse savait et vieillesse pouvait...
Et pourtant, en elles je reconnais plus de force et de sagesse que dans ces pauvres clônes les uns des autres que l'on retrouve maintenant partout en terre musulmane.
Un pauvre morceau de tissu dresse maintenant des barrières infranchissables, des frontières hermétiques, sans passage, sans altérité. De l'autre côté du miroir sans tain, il n'y a plus rien...
Morceau de tissu pour les femmes, système pileux hirsute pour les hommes sur leurs joues et menton, tandis que leurs crânes sont soigneusement rasés...
Où sont les chevelures berbères dont étaient si fiers les Hommes Amazighs ?
Ils les ont perdus, comme leur liberté d'être et de penser, de diriger leur destin. Ils ne sont plus rien, n'existent plus, juste quelques fourmis supplémentaires dans une fourmilière qui sera bientôt unique dans leur pays.
La révolution de Jasmin a fait long feu.
Celles des voiles et des barbus se fait à marche forcée.
Pauvre Terre Tamazight qui sombre dans l'oubli...
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