Rose ou bleu, rose-chou ou du retour de la couleur layette en publicité et ailleurs...
Quelque temps déjà que je n'ai plus parlé publicité.
Bien qu'il y ait toujours en la matière bien des choses à dire, analyser, démontrer, dénoncer, notamment en ce qui
concerne l'image et la représentation de la femme en notre société.
Une nouvelle campagne de publicité d'une eau minérale bien connue pour être diurétique, et donc censée ainsi apporter une aide
précieuse en matière de régime amincissant aux femmes, m'en donne donc l'occasion.
Car tous les "éléments de langage visuel" ou concepts "récents" d'une publicité soi-disant réussie sont là.
Fond rose, puisqu'il semblerait que pour les agences de communication, le retour aux années 50 et à sa layette
déterministe, conforme au genre et au sexe soit de mise : Rose pour les filles, bleu pour les garçons.
Rose donc pour le fond publicitaire, la robe de la jeune femme, car bien entendu, pour les agences de pub, seules les femmes
veulent ou doivent maigrir en notre société.
Paraître, jeunesse, norme essentielle de minceur, sont donc les diktats imposés aux femmes, tant dans les magazines dits
"féminins" à l'approche de l'été, mais aussi dans les autres médias, que ce soit sur les réseaux sociaux, la télévision ou au cinéma.
Notez tout de même comme toutes les infos "importantes", composition de l'eau, expertise, bienfaits et autres sont eux écrits en bleu.
Le côté masculin de la marque, et forcément bleu, comme la couleur de la bouteille, symbolique phallique s'il en est .
C'est ainsi donc que Contrex, puisque c'est de cette eau minérale dont je parle, continue à nous reléguer, nous les femmes, à
l'état de potiches hurlantes.
Mais en cela rien de neuf puisque cette marque continue sur la même lancée que le spot télévisé, diffusé à n'en plus pouvoir depuis le
second semestre 2011.
Mais voyons voir du côté du scénario de la réclame. Terme aussi archaïque que les ficelles grossières et sexistes
utilisées.
En une belle soirée d'été des vélos d'appartement (?)et de couleur rose, installés en extérieur suscitent
interrogation et curiosité de la gens féminine passant par là...
En effet, depuis Eve, Lilith, Psyché, Pandore et tant d'autres noms mythologiques résonnant péjorativement, la
curiosité ne peut être que féminine, dangereuse et inconséquente. Depuis, c'est la futilité qui s'y est adjoint, et le spot publicitaire surfe allègrement sur cela.
Or donc, un vélo d'appartement rose, installé en pleine rue, et sous l'influence sans doute d'une sorte d'atavisme, à moins
que ce ne soit d'un ADN particulier, et voilà que nous autres femmes, ne pouvons que nous jeter sur les dits vélos, les enfourcher et pédaler comme des furies
écervelées...
Tout cela pour découvrir un chippendale virtuel, toujours rose, qui apparaît sous les rires et applaudissements des spectateurs,
car les mâles sont spectateurs et les sifflets d'une "couguar" émoustillée...Ben tiens, jeunes ou vieilles, toutes des cochonnes n'est-ce pas ?
Sauf qu'en lieu et place d'un sexe dressé (ou pas), une pancarte apparaît à nos délurées qui n'ont rien à envier à leurs
illustres et fourbes ancêtres féminines, pour leur signifier le nombre de calories dépensées, leur assénant le nécessaire slogan :
" On mincirait mieux si c'était plus fun "...
Tout cela pour faire promotion d'une eau minérale...
Pfff...Donc, Mesdames, pédalons pour voir des mecs se désaper, pour autant que cela vous amuse ou fasse de l'effet...Mais
en plus, vous maigrirez, ben tiens.
Décevant, très decevant que cette marque qui surfe ainsi sur tous les poncifs les plus éculés sur les femmes et les hommes. Car ces
derniers ne sont pas mieux traités, en spectateurs-voyeurs n'ayant nullement besoin de maigrir ? La brioche masculine mieux tolérée que les "poignées d'amour" féminine, les bien mal
nommées...
Cependant avez-vous remarqué comme la majorité des jeunes femmes qui s'échinent sur ces machines de remise en forme n'ont nul
besoin de maigrir ou mincir ?
Il ferait beau voir que l'on vous étale complaisamment bourrelets disgracieux, cellulite en folie, croupes callipyges ou
tétasses alourdies, en lieu et place de corps graciles et élancés ou tétins hauts, ronds et fermes.
Mais pour vendre un produit que ne ferait-on pas...
Personnellement, j'ai souvenir de la publicité suivante qui ravissait mes filles qui n'avaient eu de cesse ensuite de trouver le même
maillot de bain pour leur grand-mère .
En 2001, nos publicitaires étaient-ils donc plus "osés", tolérants, drôles, décalés qu'en notre année 2012 ? Est-ce
qu'aujourd'hui seul le jeunisme a droit de cité, accompagné du prisme déformant du sexisme ?
Misère de notre société qui ne donne plus de place à tous les âges de notre vie...
Pour en revenir au rose, il est à noter qu'en la matière, d'autres marques s'engouffrent dans les poncifs sexistes, au prétexte de
soirées-filles, car dorénavant hommes et femmes se doivent de vivre séparément en société.
Ainsi, une vache qui autrefois riait devient pathétique pour nous vendre son fromage, même en cube .

Mais après tout, dois-je jeter la pierre aux publicitaires, alors que certain parti politique dont le mot d'ordre en 2007 était de
s'habiller en bleu, se rhabille aujourd'hui de rose ?
Mais attention, ici, ni méprise, ni confusion à avoir.
Pas de présence féminine puissance "X" en représentantes de ce parti dans notre instance législative qu'est l'Assemblée
Nationale.
Bien au contraire, ce parti totalise moins de 14% de femmes élues Députées. Pas d'étonnement à avoir d'ailleurs, sachant que malgré
les lois sur la parité, l'UMP, puisqu'il s'agit de ce parti a présenté moins de 30% de femmes à ces élections.
Il est vrai que ce parti a préfèré payer plus de 4 millions d'euros d'amendes en 2011 pour non respect de la
parité, plutôt que d'avoir à la respecter, mais peu importe. Le rose ici, ne représente pas le féminin, mais tente de faire accroire que ce parti est plus social qu'il n'y paraît, plus
proche de la population...
Sans doute même que c'est par souci de solidarité avec la France toute entière qui a perdu son triple "A", que
lui-même en a perdu son "P" de populaire, et comme ce sont ses représentants qui le disent, pourquoi ne pas les croire ?
Quant à moi, du rose ou du bleu, je ne saurais choisir, car en publicité ou en politique, j'y préfère de toute façon le rouge,
couleur la liberté, de l'égalité, de la fraternité et de la sororité, mais aussi de la solidarité...
Finalement de la vie et de la passion.
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