En Terre Djazaïr ou quand Circé s'improvise voyageuse...
Quatre années sans remettre les pieds dans mon pays d'adoption.
Et me voici par une belle matinée de froidure d'octobre, toits orléanais vernissés de givre, à reprendre le chemin de mes pérégrinations, en route vers Orly.
Je ne suis pas tel Ulysse, navigatrice au long cours.
Pas de chants des sirènes me menant en perdition, mais celui de l'appel du coeur de ceux qui me manquent tant depuis de longs
mois.
Un bus que j'attrape au vol, quoique celui-ci sera pour plus tard, un train bondé où la menace de voyager debout est d'ores et déjà réalité.
Et puis un contrôleur qui constatant la situation m'invite à rejoindre un wagon de 1ère classe où il y a encore de la place, prend d'autorité ma lourde valise - qui s'avèrera beaucoup plus légère au retour - et m'installe dans un wagon où les places sont légions.
Merci, Mr, la journée ne fait que commencer.
Je suis attendue à Austerlitz et l'on me conduit illico-presto à l'aéroport. Arriver deux heures avant l'envol est de règle.
Et compte-tenu de l'affluence, de l'encombrement devrais-je dire devant les guichets d'Air-Algérie, il semblerait que ce ne soit pas de trop.
Trois vols pour trois destinations différentes à quelques minutes d'intervalle et les valises s'entassent, familles et enfants s'impatientant déjà. Tout est histoire de bien choisir sa file.
Devant moi, une famille choisit la sienne, l'autre semblant avoir passé un contrat avec une famille de gastéropode manquant d'eau.
Elle sera donc pour moi.
Que s'est-il passé ? Je ne sais...
D'un seul coup, ma file avance, double l'autre et largement et me voici pratiquement devant. Ma valise dépasse les 30kgs réglementaire de 3 kgs, mais on ne m'en tiendra pas rigueur, n'ayant que mon ordinateur portable pour bagage à main.
Et puis...Et puis, le dédale de couloirs, d'indications, le passage à la douane où on me fait retirer mes chaussures car elles "sonnent" sous le portique : leurs boucles qui jouent du violon ?
Mais non, aucun oiseau de mauvais augure à l'horizon, même pour Circé. Déchaussée, je ne mets plus en alarme le portique et le scanner révèle une innocuité parfaite des mes chausses.
Me voici à me rhabiller, écharpe, manteau et chaussures.
Puis de nouveaux couloirs, une nouvelle attente, l'indication d'une porte d'embarquement. Et là...Le décollage prévu à 14H35 aura lieu à 15H35. Sans doute le décalage horaire a-t-il une semaine d'avance ?
L'heure s'écoule, l'embarquement a lieu et je constate, moi la claustrophobe que je me retrouve sur le siège du milieu du côté qui m'est imparti. Encore une chance, l'universitaire qui sège normalement côté hublot, accepte de me laisser sa place très gentiment.
Le décollage s'annonce, puis s'amorce.
Me voici plaquée à mon siège et en dessous de moi les maisons, routes et fleuves deviennent minuscules. Nous volons au-dessus des nuages et à l'approche de la Méditerranée le ciel moutonne. Pas de cyclope pourtant à l'horizon.
De toute façon, je ne suis pas cachée sous leurs ventres, mais au contraire les chevauche. Mon sympathique voisin entame la conversation. Il vient pour la première fois en Algérie et doit donner une conférence à l'université de Béjaïa. Il n'a aucune notion, ni idée préconçue sur la géographie de l'Algérie mais s'avère fort surpris de découvrir une région montagneuse à l'approche des côtes.
En quelques mots je lui conseille quelques sites à visiter, du moins ceux qui ne présentent pas de danger immédiat.
Puis l'atterrissage se profile, l'avion descend, prend un virage à droite puis à gauche tandis que mon coeur chavire.
Pourtant il atterrit en douceur, mon aéroplane, pas de soubresaut lorsqu'il atteint le sol. Les applaudissements fusent, ce qui me fait largement sourire. Je pense à Fellag et aussi à Gad Elmaleh. Tous deux parlent de cette tradition toute nord-africaine et qui pourtant en dit long sur la fatalité, qu'ils habillent de destinée !
La porte de l'avion s'ouvre, la douceur de l'air m'envahit, le manteau n'est plus de mise. Me voici de nouveau sur ma Terre de coeur et d'adoption. Passage de la douane, souhaits de bienvenue et puis, de l'autre côté ma famille, ma seconde famille.
Elles sont toutes là, plus les petits derniers qui ont vu le jour ces quatre dernières années sans que je n'ai pu les voir. Embrassades, étreintes, voix enrouées...
Me voici chez moi.
Pour l'heure, je n'ai pas encore de ces photos décalées que j'affectionne tant.
Encore que en voici une qui m'a bien fait rire, puisque prise à l'entrée d'une mosquée. je laisse à votre sagacité de deviner pourquoi ?
A suivre...
Commenter cet article