Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 Nov

De l'adaptation au froid .

Publié par Circé  - Catégories :  #Femme, Société et politique

Un manteau neigeux luisant sous l'effet du gel, un rouge-gorge y sautillant allègrement, laissant trace de son passage sur la blancheur immaculée de l'épais tapis, la couleur gris blanc d'un ciel bas, annonçant d'autres frimas, et voilà que vous reviennent en mémoire ces petites cartes au format « mignonnettes » que vous receviez chaque début d'année et que vous vous deviez vous-aussi d'envoyer..

 

Au risque de vous faire taxer d'affreux personnage, mal élevé, sans éducation, et surtout égoïste si vous ne vous exécutiez pas avant le 30 du mois de janvier, cette date étant même déjà trop tard pour certains de vos proches pour que l'on vous accorde pardon.

 

Et elles brillaient, scintillaient ces petites cartes .

Paillettes s'écoulant entre vos doigts dès que vous décachetiez l'enveloppe.

Image d'Epinal, celle qui prolongeait Noël, la chaleur des repas de famille, et du cadeau que vous veniez de recevoir, accompagné des nécessaires chocolats, pâtes de fruits et mandarines.

 

180109_184531_windups_j4yhXj.gif

 

Orléans, aujourd'hui 30 novembre.

 

Le panorama extérieur ressemble à l'un de ces paysages de carte postale.

La neige tient bon depuis 48 heures maintenant.

Elle résiste, s'appesantit du poids du gel, forme une gangue froide et parfois menaçante.

 

Au dehors les moteurs des voitures ne toussent même plus.

Le son rauque et éraillé d'une extinction de « moteur » fait pester son propriétaire qui s'éloigne, furibond .

Ses pas empressées et furieux crissent, faisant craquer la glace.

Manquant de la nécessaire prudence en pareille circonstance, le voilà qui tangue comme un patineur en perdition. Les figures non imposées sont scabreuses. La chute fort lourde et le postérieur meurtri .

 

Il se relève, fulminant de plus belle .

Je tente alors d'ouvrir la porte fenêtre de mon balcon pour m'inquiéter de son sort, mais...elle est bloquée. L'eau formée par la condensation a gelé et obstrué le conduit d'évacuation. Tant à l'extérieur qu'à l'intérieur et un bloc de glace la tient hermétiquement close.

 

J'insiste, tire sur la fenêtre tout en faisant attention à ce que les joints de cèdent pas au passage. Je n'ose penser au sèche-cheveux ne voulant pas risquer que mes vitres se craquèlent sous l'influence du chaud et froid.

 

Mon voisin quant à lui s'éloigne en grommelant d'un pas plus précautionneux maintenant et se dirige vers la station de bus la plus proche.

Certaines lignes sont rétablies, alors qu'hier la journée a été pratiquement sans transport en commun. Ni bus, ni tram.

J'ai laissé mon vélo à sa place, attaché sous le hall et ne me suis pas risquée à l'emprunter.

 

Nombre de voitures se sont retrouvées en travers, au fossé, sans compter les poids lourds. Alors circuler à vélo au milieu de véhicules qui risquaient à tout moment de faire des figures acrobatiques sans garantie aucune pour ma sécurité, très peu pour moi.

 

Je regarde mon voisin s'éloigner, alors qu'une silhouette familière apparaît.

 

Ma fille de 16 ans est déjà de retour. Si ce matin les bus circulaient, le train aussi mais avec un retard d'une heure sur les horaires habituels, son établissement situé à 25 kms d'Orléans avait tout simplement fermé.

De nombreuses branches d'arbres dans la cour de son établissement ont cédé hier au soir et cette nuit sous le poids de la neige et la pression du froid.

 

Pour ne pas mettre en péril la sécurité des élèves, l'établissement a été fermé. Je regrette cependant que nous n'en n'ayons pas été averties . Mais je comprends aussi que rappeler des dizaines de familles n'est pas chose aisée, surtout quand le secrétariat est fermé lui-aussi, par manque de personnel bloqué par les intempéries.

 

Ma fille est rougeaude, les doigts gelés malgré son habillement qu'elle avait accepté de renforcer à l'aide de collants chauds sous son pantalon et de diverses couches de vêtements : débardeur, pull à manche longue, veste polaire et blouson fourré comme les bottes qu'elle a aux pieds.

Et elle porte bonnet et gants, c'est dire !

 

La nuit, nous avons ressorti force couettes et couvertures supplémentaires, car augmenter le chauffage m'est difficile. En juillet dernier, les 350 euros complémentaires de facture d'électricité, de cet appartement où tout est électrique justement, chauffage compris, n'avait pas été, c'est le moins que l'on puisse dire une bonne surprise.

 

Alors bien évidemment je pourrais enfreindre le règlement et mettre l'un de chauffages qui fonctionnent au pétrole. Je l'ai déjà fait, et attends encore un peu. Mais si un tel froid perdure, il est bien évident que j'utiliserai cette solution d'appoint pour quelques heures le soir.

 

J'ai, moi, encore cette chance d'être alimentée en électricité, d'autres moins, sous l'effet du mauvais temps, bien sur, mais pas seulement.

 

Le nombre de coupures d'électricité, de gaz et même d'eau sont légions.

Elles battent des records cette année, et sont en augmentation depuis juin dernier. 25 à 30 coupures chaque jour. C'est ce que m'a dit un agent d'une société sous-traitante dont le métier est d'apporter « mauvaise nouvelle » SIC. Et il œuvrait ainsi dans mon immeuble et en était fort mal à l'aise.

 

Il faut dire que la privatisation a eu cette conséquence. Un retard d'un mois dans le paiement et votre approvisionnement en énergie est immédiatement interrompu.

 

Si vous avez de plus la malchance de vous être fourvoyés en croyant faire des affaires avec une société privée, et bien non seulement vous n'avez plus d'électricité, mais en plus la société fait démonter votre compteur, et résilie immédiatement votre contrat.

 

A vous de trouver un autre fournisseur après avoir payé votre facture, de payer les frais d'installation d'un nouveau compteur et en plus de verser un pro visionnement s'il vous arrivait d'avoir à nouveau un défaut de paiement.

Vous voilà catalogué mauvais payeur, et vous allez en payer le prix !

 

C'est vachement bien, le service privé, vous ne trouvez pas ?

 

Mais passons sans oublier toutefois ces situations. Le tarif social ne pouvant vous être appliqué qu'une fois que vous vous êtes retrouvés dans cette situation de coupure.

 

En attendant, à la maison mes filles et moi sommes assez, vestes polaire et chaussettes fourrées aux pieds. Pas très élégantes, mais bon, se traîner en nuisette serait sans doute du plus bel effet, les mots « glaçant et frissons de froid garantis » plus certainement.

 

Pas d'aventurière à la Koh-Lanta à la maison. Pas notre tasse de thé !

Flûte, je ne voudrais pas leur filer de mauvaises idées à TF1, serait capable d'exploiter le filon froid après le filon chaud...

Merdum...

 

En attendant, en Cenabum, tout tourne au ralenti.

Devant faire quelques courses en alimentation, les mauvaises surprises se sont succédées. Mauvais temps sur les routes et les camions d'approvisionnement n'ont pas réussi à arriver jusqu'ici.

 

Choisir la route plutôt que le rail...

Drôle de choix, mais c'est un autre problème que je ne règlerai pas ici.

 

Notre solution en attendant un hypothétique réchauffement météo : soupe chaude de rigueur, cocooning et hibernation en guise de programme pour les jours à venir.

Cependant, aucune amélioration annoncée, alors qu'il a fait moins 15° cette nuit à Orléans.

 

* Il semblerait qu'une circulaire gouvernementale donne pour consigne via certaines préfectures de ne pas accueillir les SDF sans-papier dans les centres d'urgence. Je ne sais ce qu'il en est dans le Loiret, après tout ce que nous avons vécu comme situation révoltante. Quoiqu'il en soit, si cela s'avère exact et dans quelque département que ce soit il est inacceptable que nous en soyons arrivés là . Qui seront les prochain-e-s mis à l'index : Réveillons-nous !

Commenter cet article

Archives

À propos

" Pourquoi une Femme entière ne serait-elle qu'une moitié ? "