Comment se passer d'eau un dimanche matin ?
Surtout, n'allez pas croire en raison du titre de ce billet, que je me lance des défis imbéciles de fin ou début de semaine. Peu importe, la liturgie, si dimanche est le premier ou dernier jour de la semaine, là n'est pas la question.
Non, non...
Car même s'il est vrai que je n'aime pas le goût fortement javellisé de l'eau qui nous est dispensée à Orléans par la Lyonnaise des eaux, ce n'est tout de même pas au point de volontairement m'en passer. Encore que, si je pouvais...
En attendant, si j'avais su quelle mauvaise surprise m'était réservée ce matin au réveil, sans doute aurais-je profité cette nuit de l'orage et des trombes d'eau qui se sont abattues sur notre ville pour faire provision d'eau, justement. Par l'intermédiaire de tout ustensile pouvant contenir liquide : cuvette, seau, casseroles, saladiers et autres.
En effet, imaginez un peu mon désarroi, lorsque ce matin, une envie naturelle quoique pressante, et toute aussi liquide que l'objet de mon billet me réveilla vers 08H, devant le choix cornélien que je dus d'abord m'infliger :
Rester au lit parce qu'il était bien trop tôt pour se lever un dimanche matin, alors que je pouvais paresser langoureusement dans les bras de Morphée, tout en sachant pertinemment que cette s...de vessie prenant le relais du réveil-matin au repos lui aussi en ce jour dominical, m'empêcherait d'en apprécier tous les délices et félicités...?
Ou bien...?
Ou bien, la mort dans l'âme quoique toujours dans le coltard, me redresser les yeux mi-clos, poser un pied à terre sans même chercher à le chausser, me diriger telle une zombie vers ces maudites toilettes pour y soulager la baudruche qui me servait pour l'heure de ventre, au risque de me transformer en incontinente énurésique si je n'obtempérais pas à cet appel de Dame Nature ?
Sachant par ailleurs que, merdum et remerdum, rien à faire une fois la chose faite, Morphée aurait déserté mon lit, déguerpi même, sans demander son reste et que je resterai comme une crûche vide, à rester éveillée un dimanche matin dès 08h...Un comble !!!!
Avais-je finalement le choix ? Ou bien était-ce perdu d'avance ?
Le second l'emporta donc, sans autre forme de procès, sur le premier.
- " Ouf, tout de même, cela fait du bien de faire pipi ! " aurait dit Juliette, l'une de mes petites merveilles, en fait ma première petite fille.
- " Surtout quand on en a envie !" aurais-je rajouté malicieusement.
Mais, là, je bougonnais intérieurement, avant que d'appuyer sur la chasse d'eau et...
Comment ? Qu'ouis-je ? Qu'entends-je ? Où plutôt qu'était-ce que ce chuintement indigne qui remplaçait le bruyant jet de liquide censé remplir le réservoir ? Et comment ? Le robinet de mon lavabo toussait, gargouillait lamentablement pour éructer difficilement un rachitique filet d'eau ,qui mourut entre mes mains en moins de temps qu'il ne faut pour le dire ? Même pas celui de les rincer ?
Dès lors, j'étais bien éveillée, et même dois-je l'avouer, un brin agacée. Je filais dans la cuisine, pour y faire même constat : plus d'eau. J'empoignais vivement mon téléphone, composais illico-presto le numéro d'une amie et voisine et...Merdum et remerdum, il n'était que 08H du matin et je ne pouvais lui faire coup-là !
Attendre, attendre, si possible patiemment...
08H30...09H00...09H15...Et si je me risquais sur le palier, ou au RDC histoire d'entendre s'il y a quelques bruits derrière une porte amie ? C'est ce que je fis. J'y croisais une voisine en robe de chambre qui tentait pour sa part de relever le numéro d'urgence pour toutes les pannes possibles et imaginables de fin de semaine quand on habite un immeuble collectif...
Elle n'avait pas l'air plus réveillée que moi, quelques instants auparavant, que déjà les premiers mots fusaient :
- " Vous n'avez pas d'eau ? " me demanda-t-elle.
- " Non, moi non plus, mais vous êtes celle qui me confirme que c'est une panne de secteur, je vais donc pouvoir appeler le 0825...". lui répondis-je.
Retour en mon appartement, numéro composé, une voix qui répond rapidement, me posant questions incongrues, qui sur mon mode de chauffage, qui si j'étais en possession d'un chauffe-eau, etc...Je fis de mon mieux pour lui indiquer que c'était tout notre bâtiment qui était privé d'approvisionnement en eau.
Etait-elle, elle-aussi encore un peu endormie ? Toujours est-il que je lui laissais entre autres renseignements, mes coordonnées téléphoniques et que moins de 30 minutes plus tard, j'étais contactée par le prestataire de service. Comme je le pensais brièvement auparavant et compte-tenu des infos que je lui délivrais, il me confirma qu'il ne pourrait sans doute rien faire de plus pour nous, car ceci ne semblait pas de son ressort, mais de celui de la Lyonnaise des eaux, qu'il allait contacter de suite.
Car oui Orléans n'est pas en régie municipale et oui l'eau y est plus chère que dans les communes alentours qui ont choisi de remunicipaliser leur desserte en eau. Mais bref, ceci vous l'avez bien compris, est un aparté militant.
En attendant ne plus avoir d'eau chez moi, cela signifiait devoir en faire provision au Simply du coin, ouvert le dimanche matin.
Merdum et remerdum...Se brosser rapidement les dents et faire quelques ablutions succinctes à l'eau de Vittel, si c'est pas malheureux tiens...Mais quand je vous disais que le goût et l'odeur de l'eau dite potable de mon robinet n'était pas bonne, ceci vous expliquera sans doute pourquoi j'avais au moins une bouteille d'eau minérale sous la main...
Habillage rapide, j'enfourchais mon vélo, sortis de ma résidence et...Oh..
Barrage routier, encerclant tout le carrefour au sortir de ma résidence justement, gardé par la Police Municipale régulant et détournant circulation sur cette voie très passante...
Voie fréquentée en temps normal par de nombreux poids lourds et même des convois exceptionnels qui desservent souvent les centrales nucléaires des bords de loire.
Le sous-sol d'Orléans qui est un véritable gruyère avait donc encore fait des siennes cette nuit. Effondrement de terrain au moment où une voiture passait. Si cela avait été l'un des convois cités plus haut, je me demande où en seraient nombre d'habitations ?
Pour l'heure le véhicule venait d'être dégagé, coincé qu'il était entre galeries souterraines et canalisation d'eau, endommagée pour le coup par tout cela. Et les raisons de mes mésaventures dominicales vous sont enfin connues.
Sauf que, sauf que...
Compte-tenu de la profondeur de l'effondrement et des dégâts importants, du jour où nous sommes (dimanche), je ne suis pas certaine du tout que les habitants de notre quartier et donc moi-même, ayons de l'eau au mieux dans la journée, ni même demain et peut-être même après-demain...
Mais je file, et vous laisse à votre consternation, j'aperçois des nuages sombres et il faut que je sorte tous les récipients à ma disposition sur mon balcon. Pour une fois que je vais apprécier cette satanée pluie qui perdure plus que de raison en une saison réputée d'été ...
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