Chroniques Féministes d'après Paul. Chapitre I : Mal baisée !
Il est des petits matins comme cela, où alors que sonne l'heure du réveil, vous avez bien du mal à vous extraire des efforts conjugués d'Hypnos et de Morphée pour vous garder dans leurs limbes et divins bras. Vous n'avez qu'une envie : Tourner le dos à cette fichue et incongrue radio qui vous claironne qu'il est temps de sortir du tiède et doux cocon de votre couette.
Pfff...Mais elle est têtue cette satanée radio et elle continue à vous distiller perfidement les infos qui pour l'heure en sont à la météo. De quoi définitivement appuyer sur le bouton arrêt du démoniaque engin et poursuivre votre nuit. Car à l'extérieur, il semblerait bien que les températures se disputent allègrement et sournoisement les degrés sous zéro.
Mais vous n'avez pas le choix, des impératifs à respecter.
Alors vous voici sous la douche où vous paresseriez volontiers si vous en aviez le temps, puis le confort d'une grande serviette éponge où vous vous lovez et séchez, pour finir par un habillage rapide. Reste à prendre l'incontournable et indispensable bol de café noir fumant. Et si l'horloge le permet, à en prendre un second avant que de filer à vos activités.
Mais bonne nouvelle, finalement vous avez quelques minutes d'avance devant vous. Vous allez donc prendre le temps de vérifier si vous avez des commentaires sur votre blog, trop négligé ces derniers temps, pour constater qu'il y en a bien un certain nombre en instance de lectures et validations.
Vous commencez à les lire, tout en buvant à petites gorgées l'élixir noir qui coule lentement dans votre gorge.
Un commentaire, une réponse, un commentaire, une réponse, et puis, deux mots s'affichent sur votre écran d'ordinateur. Un temps d'arrêt et...Le fou rire, le fou rire en cascades, inextinguible vous secoue, vous réveille définitivement.
Deux mots, brefs, concis, péremptoires, imagés suite à un billet qui relate la 1ère action anti-sexiste du Collectif auquel j'appartiens.
Me voici passée du vous au je. Je suis maintenant parfaitement éveillée, alerte, mon cerveau en ébullition. Cette journée qui s'annonçait difficile au moment du réveil prend une tournure drôle, caustique, me donne des idées.
Deux mots qui résonnent en écho à l'après-midi d'hier. Celui où trois jeunes filles sont venues au Planning Familial afin d'y poser des questions quant à son histoire, mai 68, le MLF, les avancées du féminisme.
Près de trois heures à être celle qui avec Sarah sera la passeuse de l'histoire des femmes, à échanger, discuter, donner des clés de compréhension quant aux luttes toujours actuelles des femmes pour la liberté à disposer de leurs corps, contre les violences dont elles sont toujours victimes, le patriarcat, la domination masculine, l'égalité de droits, de salaires, la parité, contre les stéréotypes sexistes, la marchandisation de leurs corps...
Deux mots qui s'affichent qui se veulent insulte et qui ont raté leur cible. Deux mots et bien d'autres dont nous avions discutés hier, toutes ensemble : Mal baisée...
Et oui, mal baisée, car c'est bien connu les féministes sont des mal baisées, frustrées, des camionneuses poilues, velues voulant ressembler aux hommes, être comme des hommes, être des hommes...
Fous rires, gros fous rires toujours en écrivant cela.
A l'auteur anonyme de ces deux mots, ayant pris pour pseudo "Paul", voici ce que j'ai répondu ;
Paul :
Qu'en de termes choisis et concis, ces choses-là sont dites.
M'est avis que si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes en matière de joutes dédiées à Aphrodite et Eros, autrement dit à l'art du plaisir de la couche et du boudoir, ce qu'un lapin est à la tortue : éjaculateur précoce !
Nul doute en ce cas que nombre de vos "connaissances" puissent ainsi se reconnaître en vos propos, et se sentir un rien frustrées...
Pour ma part, n'étant pas dans l'aréopage de vos connaissances qui puissent apporter témoignage de vos expériences et désastres lutinesques, je m'en sens donc parfaitement heureuse et épanouie.
Cependant, je vous remercie de m'avoir inspiré le sujet de mes prochaines chroniques qui en votre honneur seront intitulées : " Chroniques Féministes d'après Paul ", la première ayant pour thème "Mal Baisée ".
Du coup j'en viens à regretter de ne pas avoir gouter la campagne "Osez le Clito" . A me dire qu'il y a bien des éducations à faire et parfaire, et que finalement les frustré-e-s ne sont pas du côté que l'on voudrait nous faire croire. Ainsi, nombre devraient lire Rosemonde Pujol et son petit bout de bonheur. Autrement plus drôle que ces deux pauvres mots que sont : mal baisée.
Deux mots, qualificatifs complémentaires à cette insulte suprême que serait, pour certains, le mot "féministe". Rebecca West, qui
s'exprimait ainsi, est décidément toujours d'actualité, et c'en est misère et pauvreté intellectuelle de constater à quel point le sexisme sévit toujours : "Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon
comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson".
Le pire étant que nombre font du sexisme, du machisme, pérennise la domination masculine, un peu comme Mr Jourdain faisait de la prose
sans le savoir. Est-il inné dans notre société de faire de l'attribution des roles, des genres, un mode de vie de celle-ci ? Quitte à en faire aussi une activité lucrative, comme à Orléans sous
couvert de Passion habillé de culture ? Au sexisme, sans aucun doute.
Pour le reste, vous avez bien lu, me voici au début des "Chroniques Féministes d'après Paul " . Chroniques que je veux bien évidemment participatives.
Aussi, si vous aussi copines et amis féministes, avez envie d'être chroniqueu-se-r d'un jour, faites-moi parvenir votre texte, via la fiche contact ou mon adresse mail, ou encore en commentaire ou sur vos propres blogs vers lesquels je mettrai des liens.
Nous avons toutes et tous des anecdotes à faire partager, des attitudes et paroles crétines à rapporter, des insultes, propos à dénoncer, des comportements sexistes à combattre.
Que le sexisme et le machisme deviennent si ridicules et datés que la société puisse enfin évoluer .
Parce que c'est bien en le faisant que nous pourrons faire évoluer les mentalités, comportements, et que le mouvement féministe participe aussi de l'éducation populaire.
Accessoirement aussi, parce que sans doute l'ami "Paul" a trop fréquenté ce style de boutique cela lui permettra, ainsi qu'à tous les amis "Paul" de France et de Navarre, de s'éduquer réellement à l'égalité et à étoffer leur vocabulaire.
Même là nous aurons fait oeuvre utile.
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