Droits des Femmes : 40 coups de fouet pour avoir osé porter un pantalon ?

Elle s'appelle Loubna Ahmed al-Hussein.
Elle est journaliste pour le journal Al-Sahafa, journal proche de l'opposition soudanaise.
et collabore également à la Mission pour les Nations-Unies au Soudan.
Le 03 juillet dernier, à Khartoum, où elle se trouvait à déjeuner dans un restaurant de la capitale, la Police a fait irruption dans les lieux et l'a arrêtée en compagnie de 13 autres femmes.
Raison invoquée : tenue indécente.
Etait-elle en string, les seins à l'air, ou bien en ces temps de vacances faisait-elle du naturisme en pleine capitale soudanaise ? Que Nenni !
Ces femelles sans cervelle qui vont en conséquence être corrigées comme il se doit et retrouver le droit chemin, portaient, Ô outrage suprême, un pantalon !
Dix des femmes arrêtées ce jour-là ont comparu 48h plus tard et ont reçu chacune 10 coups de fouet.
Qu'elles soient chrétiennes ou animistes pour certaines d'entre elles, originaires du Sud-Soudan semi-autonome et donc non soumises à la Charia n'a pas eu l'heur de changer quoi que soit dans le raisonnement bas de plafond du juge qui les y a condamnées.
Charia qui n'a pourtant jamais légiféré sur le port du pantalon et pour cause .
Qu'importe, raison, tolérance et ouverture d'esprit ne sont donc pas des mots inscrits au vocabulaire de ce juge, ni même son interprêtation de textes coraniques datant plus ou moins des années 610.
C'est dire comme en matière de tenue vestimentaire, vu sans analyse dans le regard d'un forcené religieux rétrograde, fût-il juge, fait force de loi !
Loubna quant à elle, travaillant pour les Nations Unies, bénéficiait d'un statut particulier qui lui conférait l'immunité.
Immunité qu'elle a refusée pour que le procès ait lieu.
Ainsi elle s'est présentée mercredi dernier, au tribunal de Khartoum où elle était convoquée.
En pantalon !
Comme certaines femmes venues lui apporter leur soutien.
Elle y a annoncé qu'elle souhaitait démissionner de l'ONU, afin que le procès continue car il avait été ajourné du fait de son statut.
Et cela, bien qu'elle risque 40 coups de fouet et une amende de 250 livres soudanaises ( environ 100 dollars US).
Elle sera ainsi fxée sur son sort le 04 août prochain.
Par ailleurs, une autre journaliste, Amal Habbani, s'est vue quant à elle, accuser de diffamation envers la Police.
Elle avait en effet témoigné et condamné la manière dont les policiers avaient traité les femmes arrêtées le 03 juillet, dans un article paru dans Ajrass al-Horreya, journal pour lequel elle travaille.
Elle est passible d'une amende de plusieurs centaines de milliers de dollars si elle est reconnue coupable.
Enfin :
- " Pour le Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme, la plainte contre Mme Habbani découle de son
affirmation que l’arrestation de Mme Hussein « n’était pas une question de mode, mais une tactique politique pour intimider et terroriser les opposants »." rapporte le journal
algérien Al-Watan .
Vous ne trouvez pas vous, :
- Qu'entre les jeunes et moins jeunes coqs machos mal éduqués de nos cités et d'ailleurs, qui affûblent les jeunes filles, jeunes femmes et autres femmes de tous les noms que les
péripatéticiennes, asphalteuses, bagasses, et autres michetonneuses ...ne méritent même pas - elles ont bien du courage à supporter la misère sociale, affective, relationnelle, sexuelle
de notre société - tout cela parce qu'elles portent jupes ou robes, courtes ou non d'ailleurs
- et les représentants religieux de tous poils et de toutes obédiences - les musulmans intégristes n'ayant d'ailleurs pas la palme de la bêtise en la matière-, qui interdisent le
pantalon,
voilà bien de quoi déboussoler une fois de plus des cervelles névrosées ?
Il nous reste bien des batailles à mener en tant que Femmes, Hommes et Etres Humains pour ne pas avoir à humilier et asservir et accepter de l'être.
Encore plus lorsque la bataille est une bataille de genre.
Et ce n'est pas une pantalonnade, malheureusement !
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