L'Histoire de Thomas
" Nous sommes en septembre 2010 et il entre en terminale.
Première surprise à la rentrée, ils sont 38 dans sa classe. Ils étaient déjà 32 l’an passé. Certaines matières comme la philo ont disparu. Lui voulait être en science éco.
Impossible, ça n’existe plus dans son lycée.
En 2009 la réforme Darcos était passée par là. Pourtant cette année là il s’était mobilisé comme des milliers de lycéens contre la casse de l’éducation. Ça lui avait valu une nuit de garde à vue et d’humiliation au commissariat.
Il est d’ailleurs depuis répertorié comme un jeune susceptible de porter atteinte à l’ordre public à cause de son blog internet où il relayait les infos sur les mobilisations. Avec la veille internet mise en place par Darcos, c’est maintenant considéré comme un délit.
L’année suivante, il entre à la fac, une de ces facs privatisées par la LRU.
Là non plus il n’a pas trouvé la filière de son choix. Celle qu’il voulait faire exigeait qu’il aille étudier dans une autre ville. Impossible, les critères d’obtention des bourses s’étaient encore durcis et ses parents n’ont pas les moyens de l’aider, ils luttent déjà pour boucler les fins de mois.
Pourtant ses parents travaillent chacun un dimanche sur deux depuis que c’est devenu la norme. La c’était pas Darcos, c’était Xavier Bertrand.
Le père de Thomas lui il travaille chez Renault et à la fin du mois, il sera de nouveau au chômage technique.
L’entreprise a pourtant fait 3 milliards d’euros de bénéfice en 2010, mais il n’en a pas vu la couleur d’un centime.
Il est déjà soulagé de ne pas avoir été licencié suite à la crise financière !
Déjà qu’il va devoir travailler jusqu’à 70 ans. Ça c’était Fillon. D’ailleurs il flippe pour sa caisse de retraite privée, vu que celle de son père a été absorbée par les fonds de pensions dans la crise de 2009 suite à la fin du système par répartition.
À la fac, Thomas est surpris que son premier cours de socio soit fait par un chef d’entreprise sur les techniques de management.
Pour sa deuxième année, il décide tout de même de chercher un logement pour commencer à être autonome. Finalement, quoi de plus normal à 20 ans. Du coup, il trouve un boulot à mi temps payé au smic chez mac do. C’est un peu galère a concilier avec ses études mais il s’en sort. Pour le logement, il s’accommode de son 13 m2.
Il a fait une demande de logement social, mais les dossiers s’entassent toujours plus depuis la réforme Boutin.
Après ses études, il enchaine les stages bidons, les contrats précaires et les boites d’ intérim. Il est contraint d’accepter à peu près tous les jobs vu que son frère au chômage a lui été radié des listes ANPE.
Il a du refuser trois CDD sous payés pour ne pas être obligé de partir loin de chez lui, de sa femme et de ses enfants. Son fils a d’ailleurs été détecté à 3 ans comme délinquant potentiel.
Horrible crime et danger pour la société, il avait mangé le gouter de son voisin de maternelle ! Dans la famille
de Thomas, ils ont maintenant l’habitude, son petit frère de 12 ans risque la prison depuis qu’un soir il est resté un peu trop tard avec ses potes à zoner dans sa cage
d’escalier.
Là c’était Rachida Dati qui était passée par là.
Thomas lui il sort aussi de temps en temps avec des potes. Notamment avec Bakari avec qui il a fait ses études mais
qui n’a toujours pas de papier.
Mais c’est assez stressant d’aller en ville avec Bakari, ils sont toujours à l’affût des flics, la peur au ventre du
contrôle d’identité.
De toute façon les sorties pour Thomas c’est vite réglé. Avec un peu plus de 900 euros par mois et 600 euros de loyer, c’est chaud.
Parce qu’entre temps Thomas s’est embourgeoisé, il a quitté son 13m2 pour un 25m2. Il a toujours eu le goût du luxe
ce Thomas !
Des fois il regarde les infos, ce soir là il voit en passant que les entreprises du cac 40 ont fait 180 milliards d’euros de bénéfices en 2011.
Il trouve ça étrange vu qu’au JT ils disent que la crise est toujours là et que le gouvernement va de nouveau
injecter 60 milliards pour soutenir les banques en difficultés.
D’ailleurs, depuis, son père, son boulot chez Renault, il l’a perdu.
Pour finir, Thomas attrape une sale grippe. Mais il préfère ne pas voir le médecin. Depuis le coup de grâce porté à la sécu, se soigner c’est trop cher. Ça c’était Bachelot.
Et puis si il pointe pas, ses missions d’intérim, il peut les oublier.
Il suit à la lettre le nouveau mot d’ordre de Sarkozy : Se soigner moins pour gagner plus ! Parce que travailler plus pour gagner plus, ça ne passait plus vu que le dimanche était devenu un jour de travail comme un autre et que la semaine était passée à 45heures !...
Ce texte n'est pas de moi, mais de Pierric Annoot.
Vous pouvez en consulter l'intégralité ICI.
Une caricature que cette histoire ?
Si peu...
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