Chroniques de la peur ordinaire en Sarkozie : Une expulsion
Depuis jeudi dernier, j'ai cela qui sans cesse me taraude.
Je ne connais pas Christian.
Je n'ai eu connaissance de sa situation que 48 heures avant son expulsion.
J'ai joint sa femme brièvement au téléphone, lui apportant mon soutien comme je le pouvais en relayant au maximum le cas de son mari.
Témoignage d'une membre de RESF:
"Nous étions 8 ce matin (dont sa femme, présente et active).
Bon accueil des passagers. Des policiers ont essayé de nous empêcher (très mollement) de distribuer nos lettres aux passagers en relevant nos identités.
Nous avons continué. L'un des flics nous a simplement demandé de s'éloigner de sa chef.
Nous avons joint
Christian sur son portable : il m'a semblé résigné. Il a longuement parlé avec sa femme. Les flics qui l'accompagnaient ont utilisé la « méthode douce ».
Les passagers ont eu le papier habituel sur les risques encourus et ont été menacés de débarquement s'ils s'opposaient à l'expulsion. Il y avait plein de flics autour de l'avion.
Malgré tout cela, de nombreux passagers sont intervenus auprès du commandant de bord et ont refusé de s'asseoir.
Christian n'a pas protesté. Il a même pu parler avec des passagers qui ont tenté de le convaincre de ne pas se laisser faire. Les flics ont dit qu'ils lui retireraient les menottes au décollage
de l'avion.
Voici le dernier texto que j'ai reçu d'un passager :
« Avion situé vraiment loin. Des policiers en civil encadrent
psychologiquement l'expulsé qui est collaborant. Décollage imminent. Désolé. Bon courage à sa femme et à sa famille »
Sa femme était en larmes. Elle est
repartie chez elle, pour continuer de se battre, malgré lui.
Christian a fait le choix de se laisser faire, sans doute pour préserver les passagers de toutes poursuites et par résignation par rapport à tout ce qu'il aurait vécu s'il avait été débarqué
(garde à vue possible, retour au CRE
) et sans doute convaincu par les flics qui l'ont pris en charge à la sortie du CRA. J
Je pense que s'il s'était un tant soit peu débattu, il aurait été débarqué.
C'est très dur pour sa femme, le fils de
celle-ci et son fils à lui. Je reste en contact avec elle. Elle nous remercie tous. Il faudrait trouver un contact RESF ou autre sur le Loiret.
Pauline "
Je ne peux, ni ne veux rien rajouter.
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